livre (voir plusloin) rend cette explication peu probable. Il faut donc admettre, àdéfaut
d'une explication plus satisfaisante, ou bien la perte desdernières lignes de l'ouvrage,
ou bien une interruption du travailcausée soit par le désir d'ajouter un troisième tome,
soit par desmotifs d'ordre politique, une condamnation de Paul cadrant trop malavec
le souci d'atténuer le plus possible la responsabilité desRomains, ou encore d'ordre
ecclésiastique (voir O. Cullmann dans
Rev. Strasb.
1930, p. 294).DATE DE LA
REDACTION DE L'OUVRAGE PAR L'AMI DE THEOPHILE.Elle doit être postérieure à la
rédaction du 3 e évangile par le mêmeauteur, celle-ci étant généralement fixée entre 70
et 80. D'autrepart, l'auteur ignore encore le recueil des épîtres pauliniennes quisont
déjà connues par Clément Romain, c-à-d. peu après 90. On peutdonc s'arrêter
approximativement à l'an 85. Cette date devrait êtreavancée malgré tout d'une dizaine
d'années, s'il était prouvé quenotre livre a utilisé les oeuvres de l'historien Josèphe.
Mais lesressemblances (il s'agit surtout des pseudo-Messies Theudas et Judasle
Galiléen, dont il est question dans des termes analogues Ac5:36-37 et Jos
Ant.,
XX,
5:1 - 2) s'expliquent mieux parl'hypothèse d'une source commune (voir Goguel,
Act.,
p.
117-129). Quant au lieu de la composition et à la résidence dudestinataire--qui n'est
connu que de nom--nous n'en savons rien.VALEUR HISTORIQUE.La valeur historique
du livre a été appréciée très différemment. Ilfaut se garder de porter un jugement en
bloc. La question doit aucontraire être posée pour chaque péricope en particulier, vu
que lavaleur d'un renseignement dépend, comme dans le 3 e évangile, dansune large
mesure des sources utilisées. En ce qui concerne Paul, elleest naturellement
particulièrement haute pour le récit de voyage à lapremière personne, ainsi que pour
les détails concordant avec letémoignage des épîtres pauliniennes, et notoirement
faible pourtoutes les parties contredisant celles-ci. Pour les autres péricopes, nous
disposons d'un bon critère: unfait, une coutume ou une idée est d'autant mieux
assuré qu'ilcontredit l'état de choses présupposé par la théologie etl'apologétique des
générations postérieures. C'est pourquoi lesrenseignements sur les succès de
missionnaires ou de chefs d'Églisesn'appartenant pas au collège des Douze (Jacques
frère de Jésus,Etienne, Philippe, etc.) sont, sous réserve du jugement sur lesdétails,
particulièrement dignes d'attention; de même des récits surle baptême par l'Esprit
distingué du baptême par l'eau. Il en est demême des textes contenant les jugements
relativement favorables surdes gnostiques (Simon dans le premier récit sur la mission
enSamarie, Ac 8:4-17) ou des baptistes (Apollos et sescoreligionnaires, Ac 18:24-19:7).
C'est pour la même raison quedes discours ou des récits soulignant l'attente de la
parousie
prochaine
du Seigneur, ou impliquant la croyance à la légitimitéd'un
prophétisme indépendant de toute autorité ecclésiastiqueextérieure, ou contenant
l'aveu d'une attitude méfiante des chrétiensde Jérusalem à l'égard de la mission en
terre païenne, appartiennent,en général, à des couches plus anciennes que celles où
desconceptions opposées s'accusent. Judicieusement utilisé, le second tome de
l'ouvrage de Théophilepeut donc, comme d'ailleurs le premier, fournir des