(CanonMuratori 1-8, 34, 39; Irénée,
adv. Hcer.
III, 1; III, 14)désigne comme tel le
médecin Luc, nommé Col 4:14,2Ti 4:11 etPhm 1:24. Cette thèse a encore été défendue
récemment par dessavants de la valeur de Harnack et de Ed. Meyer. Mais d'une
manièregénérale elle est de plus en plus abandonnée parce qu'elle se heurteà de
graves difficultés. Comment se fait-il, en effet, qu'uncompagnon de Paul ait pu si mal
connaître et ses idées et sa vie,qu'il ait présenté ses rapports avec l'Église de
Jérusalem sous unautre jour que l'apôtre lui-même? (cf. surtout les deux récits sur
le«Concile» de Jérusalem: Ga 2 et Ac 15). Comment expliquerl'absence des idées
spécifiquement pauliniennes, comme lajustification par la foi? Comment comprendre
l'acceptation sansréserve de certaines traditions au sujet de la résurrection
duSeigneur, qui supposent une conception peu en accord avec les idéesde Paul, à
savoir la revivification du corps terrestre? Pourquoi lelivre des Actes parle-t-il (Ac
11:30) d'un voyage de Paul àJérusalem entre son voyage mentionné Ac 9 (cf. Ga 1:18)
etcelui de Ac 15, (cf. Ga 2:10) lequel voyageintermédiaire est expressément nié par Ga
1:22-2:17? Veut-onidentifier, au contraire, les récits de Ga 2 et Ac 11:30?Alors il faut
s'étonner que cette entrevue jugée si importante parPaul ait été rapportée d'une
manière si brève par notre auteur.Cependant la tradition lucaine ne semble pas être
sans valeur. Rienn'empêche, en effet, que le récit à la 1 re personne dont nous
avonsparlé plus haut ait été écrit par Luc, qui aurait accompagné sonmaître pendant
une partie de ses voyages. On peut même aller jusqu'àadmettre que celui-ci s'est servi
de son propre journal comme based'un récit des voyages de Paul, plus court ou plus
long que celui quenous possédons, et dans lequel il aurait lui-même inséré
certainesautres traditions. Ce récit primitif aurait ensuite pu être remaniépar l'auteur
du livre, c-à-d. l'ami de Théophile. Ce ne serait pas lapremière fois dans l'histoire de la
littérature biblique ou profaneque l'auteur d'une partie d'un ouvrage aurait prêté son
nom au tout. Distinguer Luc de l'auteur à Théophile et limiter l'apport de Lucau récit
de voyage représenté essentiellement par les textes à lapremière personne--solution
qui est d'ailleurs suggérée par le texted'Irénée lui-même--c'est donc, comme on a fort
bien dit, rétablir etla sincérité de Paul et celle de son compagnon. Une seule
hypothèsepourrait sauver, du moins apparemment, la thèse de l'origine lucainede tout
le livre: celle de Loisy, d'après laquelle le travail de Lucne nous serait parvenu que
sous une forme profondément altérée. Maisd'une part cette explication soulève de
nombreuses autresdifficultés, d'autre part les altérations et additions réelles,
commel'insertion du deuxième récit de l'Ascension, peuvent s'expliquer
parl'intervention d'une troisième main. Pourquoi l'auteur à Théophile ne raconte-t-il
pas la fin de Paul?Plusieurs hypothèses ont été imaginées à ce sujet. Sa
sources'arrêtait-elle au moment où la décision du tribunal romain aurait dûêtre
relatée? On ne comprend pas pourquoi dans ce cas il n'a pu seprocurer d'autres
renseignements sur cet événement assurément bienconnu des chrétiens de Rome. La
mort lui aurait-elle retiré la plume?La date qu'on est obligé de fixer à la rédaction du