épousée, et (par esprit de jalousie) ils revendiquent le droit de recevoir, comme lui, des
révélations de la part de Yahvé; l'intervention de Moïse leur épargna un châtiment.
L'autorité sacerdotale d'Aaron est si fortement mise en relief par P, ses prérogatives
sont si exclusives que, lorsqu'un lévite nommé Coré, et, avec lui, deux cent cinquante
d'entre les principaux du peuple, voulurent revendiquer le droit d'exercer les fonctions
du sacerdoce (No 16), ils excitèrent la colère de l'Éternel et le sol, s'entr'ouvrant (No
16:32), les engloutit; le reste du peuple fut sauvé par l'intervention d'Aaron qui fit pour
eux l'expiation en offrant de l'encens (No 16:47).
Un autre fait vient encore accentuer l'importance que P attribue à Aaron: (No 17) c'est
l'histoire de sa verge qui, déposée devant l'arche avec celles des douze chefs de tribus,
se mit à fleurir et à donner des fruits, façon symbolique de confirmer, par un prodige
éclatant, l'autorité suprême dont il était investi. Enfin, il faut citer la seule défaillance
que P ait relevée dans le caractère d'Aaron: le récit de No 20 reproche à Aaron et à
Moïse de n'avoir pas exécuté à la lettre l'ordre de l'Éternel, de s'être montrés hésitants
et d'une foi vacillante, de sorte que, à cette occasion, il leur fut retiré l'honneur de
pouvoir entrer en Canaan avec les tribus. Aaron mourut sur le mont Hor, aux
frontières d'Édom (No 20:28), après avoir été dépouillé des vêtements de sa haute
charge par Moïse, qui en revêtit Éléazar, fils aîné d'Aaron, en même temps qu'il lui
transmettait la dignité de grand-prêtre. Une autre tradition, conservée dans De 10:6,
indique la station de Môsérâ comme ayant été le lieu de la mort et de la sépulture
d'Aaron.
Ce résumé de la carrière d'Aaron résulte de la combinaison des données fournies par
les trois documents, yahviste (J), élohiste (E), et sacerdotal (P). Mais tous ne
présentent pas d'une façon identique le personnage et le rôle d'Aaron:
1° Dans J et E (Ex 4:30), J indique la seule occasion où Aaron ait été le porte-parole de
Moïse devant le peuple; partout ailleurs, (malgré Ex 4:14-16) c'est Moïse qui s'adresse
aux Israélites et au pharaon. Pour la plupart des critiques, Aaron n'aurait même tenu
aucune place dans le texte primitif de J, et son nom n'y aurait été ajouté que
postérieurement; ainsi, dans Ex 7-10, où sont décrits les pourparlers avec le pharaon
et les plaies. Dans Ex 10:17 (J), le changement de nombre dans les verbes (pardonne
mon péché...et priez Yahvé pour moi) est un indice évident du fait que le compilateur
de J et E, jugeant la présence d'Aaron indispensable dans ces récits, (d'après Ex 4:14
et suivants) a ajouté son nom ici et là. J ne connaît nulle part Aaron comme prêtre,
mais toujours comme auxiliaire de Moïse, juge et représentant de Yahvé auprès du
peuple. Dans Ex 24:4-8 (E), c'est Moïse et non Aaron qui accomplit tout le rituel du
sacrifice, avec l'aide de «jeunes hommes» dont rien ne dit qu'ils fussent des Lévites. Et
dans le verset 14, Aaron paraît de nouveau avec Ur, (voy. Ex 17) comme autorité civile,
en l'absence de Moïse. Dans Ex 33:7-11 (E), c'est encore Moïse et non Aaron qui entre
dans le tabernacle, lequel est confié à la garde de l'Éphraïmite Josué. Le seul passage
d'E où Aaron pourrait être considéré comme prêtre serait Ex 32 (histoire du veau d'or);