Heb2:14-18), inauguré une humanité nouvelle en devenant «l'auteur d'unsalut éternel
pour tous ceux qui lui obéissent» (Heb 5:9, cf.Heb 2:14-18) et établi une communion
dans sa chair: «Je suis lepain de Vie, le pain que je donnerai pour la vie du monde,
c'est machair...si quelqu'un mange de ce pain, il vivraéternellement» (Jn 6:51).
«Parvenu à la perfection» (Heb7:28), rien de sa chair ne devait être accessible à la
corruption;et c'est pourquoi au matin de Pâques le tombeau était vide. (cf.Ac 2:27
13:37,Ps 16:10) «Celui qui confesse Jésus-Christ venu enchair est de Dieu» (1Jn 4:2),
«qui croit au Fils a la vieéternelle; et moi, je le ressusciterai au dernier jour» (Jn6:40).
«Je crois à la résurrection de la chair» (Symb. des Ap., cf.Jn 5 Jean 6). Cet ensemble
d'affirmations, qui montre l'unité de l'enseignementévangélique, met en pleine lumière
l'importance de l'incarnation.Dans les théophanies de l'ancienne Alliance (voir Ange de
l'Éternel),Israël n'avait fait qu'entrevoir Dieu à travers le mystère; Jéhovahétait une
personnalité lointaine, redoutable, insaisissable...Par lachair du Christ, Dieu apparaît
à l'humanité dans sa sainteté et dansson amour, c'est-à-dire dans ses qualités
personnelles qui le rendentaccessible. Ce n'est plus le Dieu caché de la métaphysique,
dont lesattributs nous dépassent, c'est le Dieu qui nous apparaît, se mêle ànotre vie,
revêt notre nature, s'offre à notre amour, d'un mot: semanifeste Père céleste en
mettant sous les yeux de l'humanité déchuela filialité de Jésus. A le bien comprendre,
Dieu ne pouvait se«montrer» autrement que par ce sublime détour. C'est là ce
qu'àl'heure des suprêmes épanchements, le Seigneur présent en chair, dansle cénacle
des apôtres, veut enseigner à Philippe lorsque, à saquestion angoissée: «Montre-nous
le Père et cela nous suffit», ilrépond: «Il y a si longtemps que je suis avec vous et tu ne
m'as pasconnu, Philippe! Celui qui m'a vu a vu le Père» (Jn 14:9). Le danger de l'Église
naissante était, dans son élan d'adoration,de ne pas prendre l'humanité du Christ au
sérieux; et ce futl'hérésie docète, la première qui mit gravement en péril la foi auChrist
des Évangiles. Il est suggestif à cet égard de constater quele seul apôtre de Jésus qui
ait vécu assez longtemps pour pouvoirsaisir la première génération chrétienne dans
son évolutionthéologique, ait dénoncé cette déviation redoutable et qu'il ait misses
lecteurs en garde contre elle. L'incarnation, pour Jean, c'esttout le christianisme;
l'essence même de la religion: Qui ne confessepas Jésus venu en chair, n'est pas de
Dieu, mais il est inspiré parl'Antéchrist. (cf. 1Jn 4:2
et suivant
) Plus nous contemplons
le Christ, les modalités de sa «venue enchair», et mieux s'expliquent à nous les termes:
substitution,expiation, satisfaction, que la dogmatique rend parfois sirébarbatifs, si
inassimilables à notre entendement et même à notreconscience. Comment ne pas les
voir réalisés dans l'humanité sainteet immolée du Fils qui, pour sauver l'humanité
pervertie, se lie àelle, souffre par elle, meurt pour elle, acceptant tout del'ingratitude
humaine et de la fureur satanique pour «ôter le péchédu monde»? (Jn 1:2-9) Rien ne
peut non plus nous amener àcomprendre la, grandeur de l'amour de Dieu comme les
souffrances deJésus dans sa chair. Le Père, dont un seul mot eût suffi pouranéantir
les ennemis du Christ, accepte à cause de nous de contemplerla fatigue, la déception,