d'énergie morale--s'il était resté obéissant, a perdu sonorientation en se séparant de
l'aliment spirituel, en sorte que,privé de l'Esprit et asservi à son infernal tentateur, il a
livré sonindividualité tout entière aux suggestions du péché. Dès lors, pourPaul, le mot
chair n'indique plus seulement la créature soumise auxconditions de l'existence
terrestre (Col 2:1,5,Php 1:22,24,Ga2:20 4:14,1Co 7:5,28,Col 1:24,2Cor 4:11), mais il
désigne,dans cette dernière extension, l'homme à la fois borné dans sa natureet
corrompu par sa faute, doublement isolé par sa propre faiblesse etpar la réprobation
divine; l'homme perdu sans remède et envisagé danscet état de perdition (Ro 6:19 8:3
7:6,Ga 6:8,2Co 10:3 7:1,Eph 2:1-5,Ro 6:23 8:13, 1Co 3:3,4); un homme
négatif,
sil'on
peut ainsi dire, parce qu'au lieu de réaliser «dans la chair» sadestinée humaine et de
couronner la création en la renouant auCréateur, il a, par sa vie «selon la chair» (Ro
8:12), déshonoréDieu, rebroussé vers l'animalité et il est redescendu vers lapoussière
d'où il a été tiré. Le ch. 7 des Romains, où Paul, jugeantde son passé de pharisien avec
ses lumières de chrétien, nous retracel'infortune de l'homme-chair, incapable non
seulement d'accomplir laloi spirituelle, mais d'y atteindre et même de la concevoir, est
lapage la plus pathétique qui ait été écrite sur l'impasse où aboutitl'évolution humaine
conditionnée par la chute. «L'homme hors deChrist est en ce sens un être incomplet,
manqué, qui n'achève rien etqui disparaît dans l'inconnu.» (Ch. Babut.) «Malheureux
que je suis,qui me délivrera? Grâces soient rendues à Dieu par Jésus-Christ! Enlui la
loi de l'Esprit m'a affranchi...» (Ro 7:24 8:2).
5.
La chair et le salut.Comment s'est
opérée cette rentrée de l'Esprit, cette délivrance parle retour de Dieu en l'homme? «La
parole a été faite chair» (Jn1:14). «Le Fils unique, qui est dans le sein du Père»
(Jn1:18), venu pour donner sa vie en rançon (Mt 20:28) et donné aumonde par amour
(Jn 3:16), s'est incarné, «afin que quiconquecroit en lui ait la vie éternelle» (verset 16).
Chair et salut: deuxnotions qui trouvent en Christ leur solidarité organique. Le Fils
aété envoyé par le Père dans une chair semblable à notre chair depéché (Ro 8:3). C'est
ici que s'accomplit et s'épuise lecaractère limitatif, restrictif que la notion de la chair a
toujoursconservé au cours de son développement. Jésus a vécu et agi avec unenature
humaine sujette à toutes les conséquences du péché de l'homme,bien qu'exempte de
péché. A-t-on pesé tout ce qu'il dut trouver déjà,dans ce fait seul, de meurtrissures
pour sa nature morale et dedifficultés pour son action spirituelle? Revêtir la chair a été
pourle Fils de Dieu le suprême renoncement, triompher dans la chair a étépour lui la
suprême victoire. La chair =personnalité humaine,réduite par le premier Adam à n'être
plus qu'une «âme vivante» privéede l'Esprit, a été rendue à sa dignité primitive, à sa
filialitécéleste par le second Adam qui est «Esprit vivifiant» (1Co15:45) et dont la vie
dans la chair rompt la trame du mal moral quiliait au péché et à la mort l'humanité
déchue (Eph 2:1,5). Toutela rédemption a donc pour fondement moral la
«manifestation en chair»du Fils de Dieu (1Ti 3:16, cf. 1Jn 4:2) qui a «souffertdans la
chair» (1Pi 4:1); ayant appris l'obéissance aux jours desa chair dans la prière et dans
les larmes (Heb 5:7
et suivant
),il a «condamné le péché dans la chair» (cf. Ro 8:3 et