simplecomparaison, quand, par exemple, voyant le portrait de quelqu'un, ondit: «C'est
bien lui», ou quand, regardant un enfant, on dit: «C'esttout à fait son père.» On
pourrait citer, du reste, un bon nombre depassages bibliques où le verbe «être» est
employé dans le cas d'unesimple comparaison et non point d'une identité
substantielle. (cf.Ge 17:10 41:26,Mt 13:37,Jn 15:1,5 etc.) Cette façon des'exprimer
était très répandue en Israël. C'est ainsi que Moïse diten instituant la Pâque: «Ceci
(=l'agneau pascal)
est
la Pâque(=le passage) de l'Éternel» (Ex 12:11), ce qui veut dire
quel'agneau pascal devait
rappeler
aux enfants d'Israël le passagede l'ange de l'Éternel
sur l'Egypte et la façon dont il les avaitépargnés. Que cette explication n'ait qu'un sens
figuré, purementsymbolique, c'est l'évidence même (cf. l'expression: «Cette coupe
est
la
nouvelle alliance en mon sang»; une coupe [ou son contenu]
n'est
pas une alliance, elle
ne peut que la symboliser). Jésus adû hésiter d'autant moins à parler comme il l'a fait
que justementMoïse avait employé une expression analogue et que l'usage del'allégorie
était plus répandu dans la langue de son peuple, et toutparticulièrement dans la
prédication des prophètes, dont il s'étaitnourri. On comprend très bien que Celui qui
aimait parler enparaboles pour rendre plus concrète et plus impressive la
véritéreligieuse et pour la graver plus profondément dans les coeurs, aitlégué à ses
apôtres, au moment de les quitter, sa suprême pensée dansun acte symbolique qu'on
a pu appeler une parabole en action. Quant à prétendre que Jésus a voulu distribuer
aux apôtres soncorps mystique, spirituel (qu'il ne devait revêtir, par ailleurs,qu'après
sa glorification), c'est une explication que les paroles del'institution ne justifient en
aucune façon, pas plus qu'aucun destextes pauliniens qui font allusion au «repas du
Seigneur». Onpourrait bien plutôt objecter le passage de 1Co 15:50, oùl'apôtre déclare
expressément que ni la chair ni le sang ne peuventhériter du royaume de Dieu et, par
conséquent, ne peuvent êtreattribués à l'organisme spirituel du Ressuscité glorifié
dont ilserait ici question. Toute théorie qui affirme la manducation du corps même de
Jésusaboutit d'ailleurs logiquement à cette extraordinaire et choquanteconclusion, que
le Maître a lui-même mangé son propre corps et buson propre sang. (cf. Lu 22:15)
Enfin, l'argument qu'on a crupouvoir tirer des conséquences de communions indignes,
(voir 1Co11:27-32, où il est question d'infirmités, de maladies et même decas mortels)
conséquences attribuées à une mystérieuse influence ducorps mystique de Jésus
absorbé par le communiant, n'a rien deprobant. Le fait de ne pas savoir «discerner (ou
reconnaître) lecorps du Seigneur» (1Co 11:29), c'est-à-dire de ne pas accepterpar la foi
le don que le Christ a fait de lui-même pour sauver lespécheurs et que symbolisent le
pain rompu et le vin répandu, n'attirepas sur le pécheur, comme le croient bien des
chrétiens, lacondamnation éternelle, mais un châtiment temporaire et temporelinfligé
par Dieu dans une intention pédagogique pour sonamendement (1Co 11:32). Toutefois
ce serait singulièrement amoindrir la signification dela Cène que d'y voir, sans plus, la
préfiguration ou le mémorial dela mort de Jésus sur la croix. Il ne faut jamais séparer
du souvenirde cette mort la pensée de l'immense bienfait qui en est résulté pourles