croyants de tous les temps. D'après tout le N.T., le sacrifice duFils de Dieu a été la
condition et restera à tout jamais le gage dela rémission des péchés et du salut
apporté au pécheur, comme le sangrépandu au moment de la Pâque et au pied du
Sinaï était pour Israëlle gage du bon vouloir de l'Éternel à son égard, la garantie
del'alliance qu'il avait conclue avec son peuple. «Se souvenir du Christ, a dit très
justement Mélanchton..., c'estse rappeler les bienfaits du Christ et les accepter par la
foi, afind'être vivifié par eux»
(Apol. de la Confess. d'Augsbourg,
XII,parag. 72). Comme
le corps ne vit qu'en assimilant de la nourriture, ainsile chrétien qui communie
s'assimile par un acte de foi tout lebienfait de la rédemption, le pardon complet de
Dieu, le salut que lesacrifice du Christ lui a procuré, et dont la certitude devient
leprincipe même de sa vie renouvelée. Réconcilié avec Dieu, il se saitentré dans
l'alliance de grâce, l'alliance nouvelle annoncée par lesprophètes. En communiant, il
affirme chaque fois à nouveau la valeurrédemptrice et la vertu vivifiante de la mort du
Sauveur, il se faiten quelque sorte à la face du monde le héraut de la bonne nouvelle
del'amour de Dieu manifesté au Calvaire (tel est le sens del'expression: «Vous
annoncez la mort du Seigneur», 1Co 11:26).«Jusqu'à ce qu'il vienne», ajoute l'apôtre,
car la Cène est aussi legage de la rédemption finale des enfants de Dieu, «sauvés
enespérance» (Ro 8:24; voir tout le passage; v. 18, 25). Il vasans dire qu'elle doit être
aussi l'occasion d'une consécrationnouvelle, d'un don total du croyant, corps et âme, à
Celui qui s'estsi complètement donné à lui, au Dieu Sauveur qui l'a racheté à un
sigrand prix (1Pi 1:18,20). Le chrétien doit souffrir et mouriravec Lui pour revivre
aussi déjà ici-bas, avec Lui par son Esprit(Ro 8:16
et suivant
, Col 3:11,Ga 2:20). Il doit
vivre enparticulier, comme son Maître, d'une vie d'amour fraternel (1Jn4:,19
et suivant
).
La Cène, communion avec le Dieu d'amour, estaussi un repas de communion
fraternelle (cf. le mot «agape» quidésignait le repas fraternel pris en commun par les
premierschrétiens et pendant lequel était célébrée la sainte Cène:
agapê
veut dire
«amour»). Par là la Cène devient le signe caractéristique,le signe de ralliement en
quelque sorte de l'Église, communauté desrachetés du Crucifié Ressuscité (1Co 10:17,
cf. Jn 13:35).Et enfin, si la Cène est essentiellement le gage sensible de
l'AmourRédempteur, si le croyant doit la prendre non
pour être sauvé,
mais
parce que,
se sachant sauvé,
il veut se fortifier ainsi danscette bienheureuse conviction, comment
pourrait-il communierautrement qu'avec un coeur débordant de gratitude et de joie?
Lerepas pascal avait déjà ce caractère, et nous savons que le chant yavait sa place.
Jésus et les apôtres ont aussi chanté, lors du repasd'adieux dans la chambre haute
(Mt 26:30,Mr 14:26). Autant queson nom de «communion», la sainte Cène mérite donc
celui d'«eucharistie», c'est-à-dire d' «action de grâces», que l'Église lui adonné dès la
plus haute antiquité, déjà dans saint Ignace et dans laDidachè. Voir Agape,
Communion, Chair. M. M.