Page 1432 - Dictionnaire Westphal

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eurent dîné» (Lu 22:20,1Co 11:26), prenant la coupe(la troisième du repas, appelée la
«coupe de bénédiction»), il laleur donna en disant: «Buvez-en tous, car ceci est mon
sang, le sangde la nouvelle alliance, lequel est répandu en faveur d'un grandnombre,
pour la rémission des péchés» (ces cinq derniers mots d'aprèsMatthieu seul; d'après
Luc et Paul: «cette coupe est la nouvelle alliance enmon sang»). Il est impossible de
méconnaître le rapport qu'il y a entrel'expression employée ici par Jésus: «le sang de la
nouvellealliance» (ou «la nouvelle alliance en mon sang») et celle qui estattribuée à
Moïse quand, au pied du mont Sinaï, il met en quelquesorte le sceau sur l'alliance
contractée par JHVH avec le peupled'Israël (Ex 24:8). D'autre part, le rapport entre la
parole deJésus et la prophétie de Jérémie (Jer 31
et suivants
, cf. Heb8:8 ss) n'est pas
moins évident. Les paroles prononcées par Jésus au moment d'offrir la coupe
auxconvives ont donné lieu à de vives controverses que nous ne pouvonsrappeler ici.
Par contre, celles qu'il a dites en leur donnant lepain rompu sont admises par la très
grande majorité des critiques.Remarquons aussi que les mots «pour vous» se trouvent
dans les quatrerécits de la Cène. Cela nous suffit pour pouvoir affirmer sanshésitation
qu'en instituant la Cène Jésus a voulu caractériser samort comme un don complet de
lui-même, un sacrifice total consentipour ses disciples d'abord, mais aussi pour
l'humanité tout entière. Il n'est peut-être pas de paroles de l'Écriture qui aient prêté
àplus de discussions entre les critiques et entre les différentesÉglises chrétiennes,
discussions passionnées, véhémentes, que lescélèbres paroles de l'institution.
Convient-il de voir dansl'expression: «Ceci est mon corps», plus qu'une manière figurée
deparler? Faut-il, prenant ces mots dans leur sens le plus littéral etmatériel, penser
qu'à ce moment solennel entre tous, Jésus a voulucommuniquer la substance même
de son corps à ses apôtres, à la faveurd'une transformation soudaine, miraculeuse,
encore que mystérieuse etimperceptible aux sens, des «éléments» de la Cène--le pain et
levin--, si bien que les apôtres auraient vraiment absorbé quelquechose de sa chair et
de son sang, tandis que les éléments (ou, commedisent les théologiens, les «espèces»)
seraient apparemment restésles mêmes? Ou bien faut-il croire, sans admettre cette
transmutationmiraculeuse, que les «espèces» restant ce qu'elles étaient enréalité, le
corps spirituel et mystique du Christ est venu s'ysurajouter en quelque sorte, dans
l'invisible, au moment de laconsécration des éléments et qu'il fut absorbé et assimilé
en mêmetemps qu'eux? L'examen approfondi de ces questions relève de ladogmatique
et ne peut trouver place ici. Nous dirons seulement que letexte des paroles de
l'institution ne nous paraît rien impliquer dece que nous venons de voir. Il est reconnu
aujourd'hui qu'on ne peuttirer argument du mot «est» dans l'expression: «Ceci est mon
corps»,car dans un cas semblable l'araméen, que parlait Jésus,
n'employaitgénéralement pas le verbe auxiliaire, en sorte que Jésus a dû dire:«Ceci,
mon corps.» Cela pourrait tout aussi bien se traduire par:«Ceci représente (symbolise)
mon corps.» D'ailleurs l'emploi du verbe«être» lui-même ne serait pas encore décisif. Il
est hors de douteque ce verbe est parfois employé pour indiquer une