Page 1413 - Dictionnaire Westphal

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CAUSE
1.
La notion philosophique de cause, c-à-d. le principe de la causalitéqui se trouve à
l'origine de tout fait et de toute existence, étaitétrangère à la pensée israélite, qui
répugnait à l'abstraction etignorait l'idée moderne de loi générale du monde.
L'argument appelécosmologique depuis Kant, D'après lequel ce monde est un
effetcontingent qui suppose une cause première nécessaire, est indiquésous forme
populaire par saint Paul (Ro 1:19
et suivant
) et parson disciple l'anonyme auteur de
l'épître aux Heb: «II n'y a pas demaison qui n'ait été construite par quelqu'un; or, celui
qui aconstruit toutes choses, c'est Dieu.» (Heb 3:4). Cettepersonnification de la cause
première en Dieu, Dieu vivant etagissant, le Dieu de toutes les initiatives, domine
toute laRévélation biblique des deux alliances, mais comme une convictionintuitive des
croyants inspirés, et non comme la conclusion d'unraisonnement métaphysique (voir
Dieu). Pour l'ancien Israël, Dieuétait la «cause suprême et absolue de tout» (Oehler); il
l'étaitdirectement, car on ne distinguait pas entre cause première et causessecondes,
entre volonté providentielle et lois naturelles: letonnerre était sa voix (Ps 29:3), la glace
provenait de sonsouffle (Job 37:10), etc. Il était même la cause des souffranceset du
mal: qu'on lise les affirmations intrépides des prophètes:Am 3:6,La 3:37
et suivant
, Esa
45:7. Ce dernier point devue souleva d'ailleurs, avec les malheurs du Royaume et le
désastrede l'exil, le troublant problème du mal, sujet du poème de Job et decertains
Psaumes (Ps 37,Ps 73). La pensée religieuse israélite nevoulut jamais admettre, en
tout cas, que Dieu pût être cause dupéché, ni comme auteur, ni comme instigateur
(Jas 1:13
etsuivants
), et le récit de la chute l'attribue à une puissanceadverse (Ge 3),
comme la parabole de l'ivraie affirme l'oeuvred'un ennemi (Mt 13:23). Voir Cosmogonie
et Chute.--Tout problèmedes
origines
demeure enveloppé d'un certain mystère; mais
lesprophètes et l'Évangile projettent la pleine lumière sur le problèmedes
destinées
;
pour employer le langage philosophique, en Dieu la«cause première», voilée, a pour
contrepartie la «cause finale»,révélée: car son but suprême, son dessein permanent, est
lasuppression de la souffrance, la défaite du péché et le salut dupécheur pour
l'établissement du Royaume. (cf. Jn 9:1-5,Ro11:32,1Co 15:24-28, etc) C'est le plan de
sarédemption: l'iniquité des pécheurs est cause des meurtrissuresde son serviteur,
mais il veut faire de ces meurtrissures la cause deleur guérison (Esa 53:5); l'Éternel
agit ainsi, non à caused'eux, mais à cause de son saint nom, à sanctifier dans
lemonde (Eze 36:22
et suivant
). Cet «à cause de...» marque sondessein final de Dieu
Sauveur et Roi. Calvin, appliquant à notresalut l'analyse des modes de la causalité, en
distinguait quatrecauses: l'efficiente, savoir la miséricorde de Dieu; la matérielle,le
Christ obéissant; l'instrumentale, notre foi; la finale, ladémonstration de sa justice et
la glorification de son amour
(Instit.,
III, 14:17, 21). C'est ainsi que les fidèles du
SauveurJésus, «en perdant leur vie à
cause de lui,
laretrouveront» (Mt 10:39).
L'humanité, comme l'individu, estappelée à pouvoir célébrer en Dieu «l'auteur, la
source et la causede son éternel bonheur». Ici et là apparaît le terme de cause au sens