Page 1376 - Dictionnaire Westphal

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instrumentd'édification, d'organisation, de défense et de combat, et il naquitd'un
compromis entre les habitudes du peuple chrétien et la sciencede ses conducteurs. On
le voit bien quand on lit les explications ducanon de Muratori (comme du reste celles
d'Irénée, de Tertullien etde Clément d'Alexandrie), où c'est tantôt le fait qu'un ouvrage
estlu dans toutes les Églises, tantôt l'orthodoxie de son contenu,tantôt son origine
apostolique, qui le rend canonique. Il estcependant juste de dire qu'en principe et en
intention l'Église nevoulut conférer la canonicité qu'aux livres écrits par les Apôtres
ousous leur garantie. A partir de 200, la tâche que l'Église aura à accomplir dans
ledomaine du Canon et dont elle s'acquittera avec une pleine consciencedu but à
atteindre, sera triple:
supprimer les différences existant dans les diversmilieux au
sujet des livres canoniques;
réunir dans «l'Apostolique» tout ce qui est digned'y
figurer;
rejeter de cet «Apostolique» les ouvrages quin'ont pas le droit d'en faire
partie. Voyons brièvement comment elleaccomplit cette oeuvre. D'abord l'Église latine.
Comme cette Église avait déjà le besoind'unité, l'esprit de discipline et le sens juridique
qui lacaractérisent et que, d'autre part, elle possédait de moins grandssavants que
l'Église d'Orient, la formation de son canon n'offre pasles nuances et les complexités
que nous rencontrons dans l'Églisegrecque. Elle n'a jamais mis en doute l' Apo de Jean
et c'est grâce àsa ténacité que ce livre fut finalement canonisé aussi par lachrétienté
orientale. Le groupe des sept ép. cathol. ne s'est constitué que lentement.Cyprien de
Carthage (Mort en 258) ne cite que 1Jean et 1Pi; Hilairede Poitiers (Mort en 366)
semble ne reconnaître que Jas; Ambroise deMilan (Mort en 397) ne paraît pas encore
accepter Jacq., Jude,2Pierre, 2Jean et 3Jean. Nous possédons deux canons latins du
IV esiècle: le canon de Mommsen, où ne sont mentionnés comme canoniquesque 1 et
2Pi et 1, 2, 3Jean, et le
Catalogus claromontanus,
quicontient nos sept ép. cath.;
seulement il n'est pas certain que cedernier soit d'origine occidentale. L'ép. aux Heb
n'a pas été admisesans difficulté dans le canon latin. Le schismatique Novatien,
àRome, vers 255, la tenait pour canonique et l'attribuait au «trèssaint Barnabas». Mais
ce n'est que dans la seconde moitié du IV esiècle que nous la voyons apparaître, en
qualité d'ép. paulinienne etcanonique, chez les théologiens occidentaux. Quant aux
livres plus ou moins anciens, mais non apostoliques,dont plusieurs étaient et restèrent
longtemps utilisés par l'Églisegrecque, le catholicisme latin se montra très vite fort
défiant àleur égard et paraît n'avoir eu guère de peine à les exclure (saufpeut-être la
pseudo-ép. aux Laodicéens qu'on retrouve, même au Moyenâge, dans certains
manuscrits latin, parfois à la place de l'épîtreaux Héb., et qui se rencontre jusque dans
quelques manuscrits de laVulgate). Un des motifs qui furent allégués contre Priscillien
et lefirent condamner finalement à mort (385), fut précisément saprédilection coupable
pour ce genre d'écrits. En 382, sous le pape Damase, un synode tenu à Rome établit
lenombre des ouvrages chrétiens canonisés par l'Église catholique. Cesouvrages sont,
selon ledit décret: quatre év., quatorze ép. de Pauldont, au dernier rang, Héb., Apoc.,
Act., sept ép. cathol. Cettedécision constitue une date à retenir, car, si l'ordre des