Page 1374 - Dictionnaire Westphal

Version HTML de base

Dieu des Juifs et l'A.T., livre de ceDieu. Il tenait Paul pour l'unique héritier légitime de
la pensée deJésus et le seul détenteur de la vérité apostolique. Pas plus que
sescontemporains, d'autre part, il ne pouvait concevoir une religiondépourvue d'un
livre saint. Tout cela devait le pousser à faire desép. de Paul l'élément central du canon
de son Église. Quoi qu'il en soit, on peut dire que, vers 150, l'Église a etveut avoir une
collection de livres chrétiens répartis en deuxgroupes: «le Seigneur», et «l'Apostolique»,
où les ép. de Pauloccupent presque toute la place. Pendant la seconde moitié du II e
siècle, nous voyons se préciserle contenu du «Seigneur» et s'enrichir celui de
«l'Apostolique». Onarrive assez vite à n'admettre dans «le Seigneur» que nos
quatreévangile canoniques. Il règne cependant encore une certaine libertéen ce
domaine. Plusieurs Églises continuent de lire dans leurs cultesl'évangile de Pierre.
Tatien, disciple de Justin, compose son«
Diatessaron
» (harmonie) qui combine en un
seul nos quatre évangileset qui a un tel succès que, jusqu'au V e siècle, les Eglises de
Syriele lisent avec prédilection. Vers 175, le prêtre romain Gaïus, quiest bon
catholique, peut combattre le 4 e évangile et soutenir quecelui-ci n'est pas de Jean,
mais bien de l'hérétique Cérinthe.D'autre part, les ép. de Paul prennent une autorité
toujours pluscanonique. Athénagore, vers 177, cite des textes de 1 et 2Co comme
ilciterait l'A.T.; Théophile d'Antioche, vers 190, présente ungroupement de paroles
pauliniennes comme «ordonnances de la Paroledivine». Une nuance entre «le Seigneur»
et «l'Apôtre» subsiste peut-êtreencore dans ce curieux passage des Actes des Martyrs
de Scillita(Numidie, juill. 180), où un chrétien répond à un proconsul qui
luidemandait: «Quels objets avez-vous dans vos armoires?--Nos livres, et enoutre les
épîtres de Paul, homme juste.» A côté de ces ép., d'autresouvrages, que nous allons
voir, viennent prendre place dans«l'Apostolique». Vers la fin du II e siècle, un certain
nombre de renseignementsmontrent combien, en cinquante années, la notion et les
contours ducanon se sont précisés. C'est le moment où fleurissent trois
grandsthéologiens: Irénée de Lyon, Tertullien de Carthage, et Clémentd'Alexandrie,
représentant chacun l'une des branches principales dela chrétienté. Tous trois sont
d'accord pour considérer comme seulscanoniques nos quatre évangiles. Irénée estime
même que ce nombre estprovidentiel, car il correspond, dans la nature, aux quatre
vents,et, dans la Bible, aux quatre animaux fantastiques de la vision deEze 1:6-12
(origine des symboles évangéliques). Au sujet de«l'Apostolique», leur unanimité est
moins parfaite. Ils reconnaissentles uns et les autres la canonicité des treize ép. de
Paul, Apoc,Act., 1Pi et 1Jean. Par contre, à propos de Héb., Jacq., Jude, 2 et3Jean,
leurs opinions divergent. Irénée ne connaît ni Jude, ni 2 et3Jean et il ne tient pas Heb
et Jacques pour des écrits sacrés. AvecTertullien, Jude fait son entrée dans le canon,
mais il n'est pascertain que Tertullien ait admis Jacq.; quant à Héb., il la cite unefois
comme oeuvre de Barnabas, disciple des Apôtres. Clément nesemble pas avoir connu
Jacques. Tous ignorent encore 2Pi (quin'apparaît comme sûrement canonique que
chez des auteurs du III esiècle: Origène et Firmilien de Césarée en Cappadoce, dans sa