Page 1372 - Dictionnaire Westphal

Version HTML de base

et quec'est à leur message qu'on doit la certitude du salut. De même que leChrist est le
médiateur indispensable entre Dieu et les hommes, lesApôtres sont les intermédiaires
entre le Seigneur et l'humanité. S'ilsn'avaient pas parlé et s'ils n'avaient pas écrit,
commentconnaîtrait-on le Fils et l'Évangile? Les évangiles insistent sansdoute sur les
faiblesses et l'inintelligence des disciples, mais celadoit montrer toute l'efficacité de
l'action merveilleuse que l'Espritexerça ensuite en eux pour faire d'eux les apôtres
qu'ils devinrent.Plusieurs textes évangéliques (d'entre les moins primitifs) exaltentleur
dignité sans pareille et leur rôle incomparable (Mr 4:11,Mt28:16-20, cf. Ap 21:14).
Après avoir consacré un premier livre à Jésus, l'auteur du 3 eévangile n'hésite pas à
en écrire un second sur les Apôtres. Lalégende ne tarde pas à s'emparer de leur
personne et à leur attribuerune stature surhumaine. On assiste au II e siècle à toute
unefloraison d' «Actes» des divers Apôtres, tous plus merveilleux lesuns que les autres
et plus chargés de miracles que l'histoire desplus illustres héros de l'A.T. Donc, là où
est l'Apôtre, là aussi leChrist est sûrement. C'est ainsi que les Apôtres deviennent pour
leschrétiens la troisième autorité canonique. On trouve exprimée cettetriple autorité
qui régira désormais la chrétienté dans l'ouvrage lemoins ancien du N.T., 2Pi 3:2:
«pour que vous vous souveniez desprédictions faites par les saints Prophètes, et du
commandement denotre Seigneur et Sauveur, transmis par vos Apôtres» (cf. ép.
dePolycarpe 6:3). On ne se soucie pas encore de déterminer au juste quels ouvragesont
vraiment les Apôtres pour auteurs. Cette préoccupation ne viendraque plus tard et
donnera lieu à un travail de triage qui exigerabeaucoup de temps et de peine. A
l'époque où nous en sommes, ilsuffit à l'Église de savoir que ce sont les Apôtres qui
l'ont fondéeconformément aux indications du Seigneur, qu'ils sont donc le canonde sa
constitution et qu'ils lui ont transmis les paroles duSeigneur, qui sont le canon de sa
foi et de sa morale. C'est dans ces conditions que ne tarda pas à se former toute
unelittérature chrétienne: nos évangiles et d'autres, plus ou moinsfragmentaires, dont
certains ne nous sont plus connus que de nom,lettres de Paul, Apocalypses, petits
traités de piété, de controverseou de morale rédigés sous forme épistolaire (ép. cathol.),
Actesdivers d'Apôtres, lettres de chrétiens contemporains justementvénérés. Les
Églises rassemblaient autant qu'elles pouvaient de cettelittérature qui leur était
précieuse, et l'utilisaient dans leurscultes en en faisant la lecture, à côté de celle de la
Bible. Cesouvrages, lus dans les milieux les plus divers, perdaient--les ép. dePaul en
particulier--ce qu'ils avaient eu de spécial et d'occasionnelà leur origine. Chacun les
considérait comme écrits pour lui ets'adressant à lui. C'est alors sans doute que se
produisirent desinterpolations très antiques, comme celle de 1Co 1:2 où Paulsalue,
non seulement ses lecteurs, mais aussi «tous ceux qui, en toutlieu, invoquent le nom
du Seigneur Jésus». Échappant ainsi aux loisde la contingence historique, tous ces
écrits constituaient leséléments de ce qui allait devenir le nouveau livre sacré
deschrétiens. Si l'on veut donner déjà à ces ouvrages le nom de N.T., ilfaut alors
reconnaître qu'il n'y a pas eu un N.T. primitif, maisqu'il en exista un grand nombre,