Page 1371 - Dictionnaire Westphal

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). Maiscette impérieuse intransigeance est nécessairement celle de toutprophète.
Quiconque a conscience de parler par mandat spécial de Dieupour transmettre une
révélation, a le droit d'être écouté et crucomme Dieu lui-même. Toutefois, nous ne
trouvons rien, ni dansl'Apocalypse, ni dans les fragments que nous possédons de l'
Apocalypse de Pierre
, ni dans
le Pasteur d'Hermas
, qui nousautorise à penser que
leurs auteurs avaient l'ambition d'ajouter leuroeuvre à la Bible. Celle-ci demeure
toujours l'unique et intangibleautorité scripturaire. Dans les évangiles, ce qui est
sacré, c'est le Seigneur dont ilssont remplis. Mais on sait encore fort bien distinguer
entre lecontenant et le contenu. C'est le contenu qui fait la valeur ducontenant, et non
l'inverse, ainsi que ce sera le cas lorsque lesévangiles seront devenus canoniques. Bien
des recueils de paroles du Christ ou de récits de sa viesont nés et ont disparu après
une existence éphémère, remplacés pard'autres plus complets. On ne se fait alors nul
cas de conscience decorriger l'évangile qu'on a entre les mains, d'y ajouter
quelquedétail, d'y introduire telle parole du Sauveur que l'on connaît parla tradition
orale ou par quelque autre écrit (texte amplifié du II esiècle, représenté en particulier
par le Codex Cantabrigiensis). LesPères du II e siècle citent les évangiles avec une
liberté qui montreque, pour eux, le fond importe encore plus que la forme, et que
lalettre des livres chrétiens n'a pas encore été divinisée. Papias,évêque de Hiérapolis en
Phrygie, à qui nous devons les plus anciensrenseignements que nous possédions sur
quelques-uns de nos évangiles,déclarait, dans la première moitié du II° siècle, préférer
latradition orale aux évangiles écrits (voir Évangile Synopt.). Mais, à côté de l'autorité
de l'A.T. et du Seigneur, nous envoyons, vers la fin du I er siècle, surgir une troisième
quidésormais ne fera que grandir et aura une fortune singulière: celledes Apôtres.
D'emblée, et comme de juste, les Apôtres jouirent dans l'Églised'une considération
toute spéciale. Choisis par le Christ, témoins desa vie, héritiers de sa pensée,
continuateurs de son oeuvre, premiersmissionnaires, il était fort légitime qu'ils fussent
hautementestimés. Toutefois, au début du christianisme, ils étaient encore
deshommes. Leur titre n'avait pas encore auréolé leur personnalité aupoint que leur
personnalité ne comptât plus. Ce qu'ils étaient entant qu'hommes contribuait pour le
moins autant a leur prestige queleur qualité d'apôtres. C'est pourquoi quelques-uns
d'entre euxpassèrent au premier plan, tandis que d'autres demeurèrentextrêmement
effacés et ne laissèrent aucun souvenir. Au siècleapostolique, c'est l'homme plus que
la fonction qui faisait la valeurde l'apôtre. Il arriva même que Paul, p. ex., oublia la
fonction pourne voir que l'homme. C'est ainsi qu'il résista en face à Pierre et
leréprimanda «parce que, écrit-il, son attitude le condamnaitet...Qu'il ne marchait pas
droit selon la vérité del'Évangile» (Ga 2:11,14). Dans les générations suivantes, il n'en
va plus de même. On nevoit plus les petites ombres, les côtés trop humains. On ne
sesouvient plus qu'il y eut des différends entre les apôtres et qu'ilsne furent pas
toujours d'accord. On ne sait désormais qu'une chose,c'est que le Seigneur a fait d'eux
les dépositaires de la véritéchrétienne, qu'ils ont organisé l'Église selon ses directions