tenaient pour des mécréants incapables de comprendre leurpropre Livre (2Co 3:14-16).
C'est que les chrétiensreconnaissaient encore une autre autorité, égale et semblable
endroit à celle de la Bible, puisque toutes deux procédaient du mêmeSaint-Esprit,
mais en fait supérieure: la parole et la vie du Christ,ou, comme ils disaient: le
Seigneur. Ce que le Seigneur avait ditétait la vérité même et ne se discutait pas.
Lorsque Paul se fondaitsur une parole du Seigneur, il donnait non plus des conseils,
maisdes ordres (1Co 7:10). On méditait les grands événements de lavie de Jésus et on
se pénétrait de son exemple (1Co 11:23,Ga3:1,Php 2:5-8). Ce qui avait trait à son
histoire et à sonenseignement formait la matière d'une tradition non encore écrite,qui
passait de bouche en bouche et que l'on conservaitpieusement (1Co 15:3). C'est à la
lumière de leur foi au Christ que les croyantslisaient l'A.T. Celui-ci s'éclairait dès lors
pour eux d'un journouveau et leur découvrait des profondeurs insoupçonnées des
Juifs. Achaque page, les fidèles s'ingéniaient à discerner des prophéties oudes
préfigurations de ce que Jésus avait dû accomplir, de sorte quela Bible devenait à
leurs yeux un livre de moins en moins juif et deplus en plus chrétien. Ils pratiquaient
sans scrupule la méthoded'interprétation allégorique dont les Juifs avaient usé avant
eux etqui consiste à ôter aux mots ou aux faits leur sens naturel ethabituel pour leur
en donner un nouveau, symbolique ou spirituel,accessible aux seuls initiés (ex.
d'interpr. allég.: 1Co 10:24,Ga4:21-26). Dans la période suivante, c-à-d.
approximativement entre la mortde Paul et 140, nous retrouvons les deux autorités
que nous avonsnotées dans l'âge apostolique et nous en voyons paraître unetroisième.
Les Écritures sont lues avec une ferveur qui ne serefroidit point (2Ti 3:16). On note
que Jésus les a accompliesjusque dans les moindres détails. (Tout Matthieu, Jn 19:28,
etc.).L'interprétation allégorique se développe et légitime les exégèsesles plus
ingénieuses. (ex.: Heb 6:20-7:28; ép. de Barnabas;Dialogue avec Tryphon) D'autre
part, l'autorité du Seigneur grandit encore si possible.Comme les témoins de sa vie
vieillissent et disparaissent et que lafin du monde, qu'on avait crue imminente (1Th
4:17), tarde àvenir, on éprouve le besoin d'assurer aux générations futures
laconnaissance du Christ, de sa doctrine et de son histoire. Oncommence donc à
consigner par écrit le trésor de la tradition orale. Ce sont d'abord des collections plus
ou moins considérables deparoles du Maître, puis des ébauches d'évangiles (Lu 1:1,4)
etenfin nos évangiles. Mais, tout comme dans la période précédente,ceux qui se
mettent à composer des ouvrages chrétiens n'ont nullementla prétention de donner au
monde des textes divins, sous l'ordre etla dictée de l'Esprit, en vue d'enrichir la Bible.
Le prologue del'évangile de Luc n'exprime rien d'autre que les sentiments d'unhistorien
chrétien voulant à la fois faire oeuvre de vérité etglorifier son Sauveur. L'auteur du 4 e
évangile renonce à entrer dansplus de détails, non parce que l'inspiration lui fait
soudainementdéfaut, mais parce que, très humainement, il estime en avoir assezdit
pour provoquer chez ses lecteurs la foi en Jésus (Jn 20:30
et suivant
). L'auteur de
l'Apocalypse, il est vrai, réclame uneadhésion entière à ce qu'il écrit (Ap 22:18
et