Page 1369 - Dictionnaire Westphal

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CANON DU N.T.
La religion chrétienne a toujours eu un livre canonique, c-à-d.contenant la règle de la
foi et de la vie et possédant, en vertu deson inspiration divine, une autorité souveraine
pour tous lescroyants. Pour Jésus, ce livre saint était la Bible de son peuple. Nous
nesavons pas au juste de quels ouvrages celle-ci se composait, carl'A.T. hébreu n'a été
définitivement clos qu'après l'ère chrétienne.Jésus parle avec la plus grande
vénération et une entière confiancede la «Loi» et des «Prophètes», et s'il entend les
Écritures d'unemanière nouvelle, plus profonde et vraiment spirituelle, s'il
lesinterprète avec originalité, c'est, dans son intention, pour leurrestituer leur pleine
signification et les rétablir dans leurvéritable dignité. Au reste, Jésus puisait ses
convictionsreligieuses ailleurs encore que dans l'A.T. Il les trouvait dans unecertaine
intuition de Dieu qui lui était propre et qui constituel'adorable mystère de sa personne
unique. Dieu lui parlaitdirectement et c'est au nom de cette parole intérieure qu'il
savait,dans la Bible, noter ce qui est éternel et ce qui esttransitoire (Mt 5:21,46) et
faire le départ entre ce qui est deMoïse et ce qui est de Dieu (Mr 10:1-9). Jésus n'a
jamais pensé que là Bible telle qu'il la possédait fûtinsuffisante et dût être complétée.
Il n'a pas écrit une ligne pour yajouter quoi que ce soit et il n'a jamais ordonné à ses
disciplesd'accomplir un tel travail. Les chrétiens de la génération apostolique ont, sur
ce point,partagé entièrement l'opinion de leur Maître. Il ont cru à la Bible,l'ont lue
dans leurs cultes, l'ont méditée et y ont trouvé laconfirmation de leur foi. Seulement,
lorsque le christianisme passa,peu après sa naissance, du milieu juif dans le monde
gréco-romain, laBible qui fit loi ne fut plus l'hébraïque, mais la grecque: celle desLXX
C'est elle qui est presque exclusivement citée dans le N.T. Elleétait plus longue que la
nôtre (qui est traduite de l'hébr.) etpossédait peut-être même des livres ou des
fragments qui onttotalement disparu. (cf. 1Co 2:9,Eph 5:14,Jude 1:9) Les Douze et
l'apôtre Paul n'eurent pas plus que Jésus l'idée decomposer des oeuvres dignes d'être
mises au même niveau que lesécrits bibliques. Les ép. de Paul sont des lettres
toutoccasionnelles, adressées à des lecteurs bien déterminés. Elles sonten quelque
mesure des commentaires et des applications del'enseignement biblique, mais ne
veulent nullement s'égaler à l'A.T.Paul demande sans doute qu'on le lise avec la
déférence que l'on doità tout homme qui s'exprime au nom de Dieu, en qualité
d'ambassadeurdu Christ (2Co 5:20) --prétention que tout chrétien authentiquea le
droit d'émettre--mais il est le premier à confesser que saconnaissance est limitée et n'a
rien d'infaillible (1Co 13:12);et lorsque, sur telle ou telle question, il ne peut recourir à
uneparole formelle des Écritures ou du Christ, il se borne à donnermodestement un
conseil ou un avis (1Co 7:25). Si quelqu'un luiavait dit qu'il était un autre Ésaïe ou un
autre Moïse, il aurait vudans ce propos une flatterie qui l'eût sûrement scandalisé.
Parmitous les charismes qu'il énumère, il ignore celui de composer desouvrages sacrés
destinés à parachever la Bible. A l'égard de la Bible, les Juifs avaient exactement la
mêmeattitude de soumission respectueuse que les chrétiens, et pourtantceux-ci les