Page 1364 - Dictionnaire Westphal

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même pour les livres historiques etprophétiques. Nous voyons encore des preuves de
ce fait, d'une part dans leDécalogue et le Livre de l'Alliance (Ex 20, Ex 21 Ex 22 Ex 23),
enchâssésdans le Pentateuque, d'autre part dans le chant de Débora (Jug5); ce dernier
est une ballade de guerre, mais aussi un hymnereligieux: son but est indiqué par le
verset 11: «célèbrent lesbienfaits de l'Éternel»; et sans aucun doute, cet hymne est le
plusremarquable parmi bien d'autres semblables. Au surplus nous trouvonsplus d'une
allusion à deux collections de chants analogues: l'une estle livre du Yachar (Jos 10:12
et suivant
, 2Sa 1:18) ou duJuste (voir ce mot), qui semble avoir été un recueil de
poèmesrelatant les exploits ou la vie de quelques-uns des grands hommes destemps
anciens; l'autre est le «Livre des guerres de Jéhovah», dontnous possédons un court
extrait dans No 21:14. Telle était lalittérature primitive dans laquelle Israël put faire
un choix, quandle temps fut venu de choisir. Il est évident aussi que des
documentsimportants étaient soigneusement conservés (De 31:26,1Sa 10:25),tout
comme plus tard on garda précieusement les Proverbes (cf. Pr25:1) et les prophéties.
Zacharie, par exemple, parle nettement des«premiers prophètes», c'est-à-dire de ceux
d'avant l'exil (Za 1:47:7-12); et le livre des Rois est rempli d'allusions à deshistoires,
depuis longtemps disparues, des rois d'Israël et de Juda. Il est incontestable que la
Thora, c'est-à-dire le Pentateuque,fut la première partie de l'A.T. qui reçut la
canonicité. Les Juifsla regardaient comme le Saint des saints, et elle fut traduite
engrec avant le reste de l'A.T. Toutefois, la Thora se compose dedifférents éléments,
soit historiques, soit relatifs aux lois, etcertains d'entre eux devinrent, pourrait-on
dire, canoniques de faitavant les autres. Le premier pas dans la direction d'une
canonicitédéfinitive de la Thora est représenté, en 621 av. J.-C, parl'acceptation
publique du Deutéronome comme loi religieuse de la vienationale. En cette année-là,
un livre fut découvert qui est désignénon seulement comme le Livre de la Loi (2Ro
22:8), mais comme leLivre de l'Alliance (2Ro 23:2) et que la plupart des
critiquesmodernes supposent être le livre du Deutéronome (voir ce mot),sûrement
dans une forme plus abrégée que celle que nous possédons. Ilest inutile d'entrer ici
dans les raisons qui militent en faveur decette opinion; il suffit de constater que la
réformation de Josiassemble avoir été fondée, point par point, sur ce livre. Pour nous,
lefait important c'est que le peuple s'engagea à obéir de tout soncoeur aux préceptes
du Livre (2Ro 23:3). On peut donc affirmerqu'à ce moment, dans l'Église juive, l'idée de
canonicité était née.Les mots d' «Église» et de «canonicité» peuvent sans doute
paraîtrepeu appropriés; mais ce que nous voulons établir, c'est que les vraisadorateurs
de Jéhovah se sont placés eux-mêmes, de façon positive etsolennelle, dans l'obligation
de se conformer aux ordonnances d'unlivre. Par cet acte, le principe de canonicité est
implicitementétabli. Le peuple avait fait le premier pas pour devenir «le peupledu
Livre», et il l'avait fait parce que le Livre faisait appel à saconscience, et qu'en ce Livre il
voyait la Parole de Dieu. C'est, comme nous l'avons vu, dans l'esprit du Deutéronome
quefut rédigée durant l'exil l'histoire comprise entre les premierstemps des Juges et la