Page 1213 - Dictionnaire Westphal

Version HTML de base

on la préféra, nonsans quelque raison, à des traductions plus coulantes mais
troplibres. Elle régna pendant plus d'un siècle dans les Églisesprotestantes. En 1741
avait paru la Bible de Lecène, oeuvre assez fantaisiste,qui tomba promptement dans
l'oubli: elle le méritait. Les pasteurs etprofesseurs de l'Église de Genève continuaient
leur travail derévision. Ils publièrent en 1802 un N.T. qui reproduisait avecquelques
changements celui de 1726, et en 1805 un A.T. qui offrait deréelles qualités de style.
Mais quelle traduction! Les auteurssemblent avoir complètement méconnu l'antique
pensée hébraïque et,pour obtenir toujours une idée claire et à leurs yeux
satisfaisante,ils n'hésitèrent pas à violenter le texte. Ge 1:2: «La terreétait informe et
nue; c'était un abîme couvert de ténèbres, et Dieufit souffler un vent qui agita la face
des eaux.» Ge 4:7:«...pour ton frère, il continuera à t'être soumis, et tu seras
sonsupérieur.» Job 3:8: «Qu'elle soit chargée d'exécration commeune nuit funeste où
s'agitent les monstres de la mort!» Il n'est pasétonnant que cette version ait obtenu un
médiocre succès. On aima mieux garder Ostervald en le révisant. On y procéda
àLausanne (1822), en s'inspirant, semble-t-il, de la version de1802-1805, à laquelle on
emprunta notamment l'erreur de 1Pi3:20. L'édition de la Société biblique de Paris
(1824) fut unerévision tacite: on prit des leçons aux Bibles de 1724 et de 1822, eton y
ajouta quelques corrections nouvelles. En 1836, seconde révisionpar la Société
biblique de Lausanne. En 1846-55 Bonnet et Bauprévisent le N.T. (édition refondue
par Bonnet, 1875-85, et plus tardrevue par Schroeder, 1892-1905). Puis c'est la
révision de Matter(Londres 1849; le N.T. avait paru dès 1842), celle de Frossard
(1869;N.T. seul), celle de la Société biblique de France (1881) et enfin larévision
synodale du N.T. (1894). A partir du second tiers du XIX e siècle, un certain nombre
desavants protestants entreprirent de traduire à nouveau soit la Bibleentière, soit
l'A.T. ou le N.T. seuls. Citons la version de Lausanne(N.T. en 1839, A.T. de 1861 à
1872), qui vise à calquer le texteoriginal, sans grand souci des exigences de la langue
française;l'A.T. de Perret-Gentil (1847-1861); le N.T. de Rilliet (1858),oeuvre de grande
valeur comme interprétation du grec; le N.T.d'Arnaud (1858); le N.T. de Darby (1859)
et la Bible du même (1885);la Bible de Paris, inachevée (neuf livraisons, de 1864 à
1874); laBible d'Edouard Reuss (1874-79), oeuvre magistrale en treize volumes,encore
le meilleur ouvrage du genre que nous ayons en français; laBible annotée de Neuchâtel
(1878-98; ne comprend que l'A.T.). Cependant, la Compagnie des pasteurs et
professeurs de l'Églisede Genève persévérait dans son travail de révision: en 1835,
ellepublia un N.T., qui devait alimenter, de 1861 à 1863, la polémiquedes partis
théologiques en France, et amener le schisme de la Sociétébiblique. Mais la Compagnie
finit par se rendre compte que lesrévisions de révisions ne pouvaient produire une
version homogène etvivante, et elle chargea deux professeurs qualifiés, Segond
etOltramare, de traduire, l'un l'A.T. et l'autre le N.T. Le N.T. paruten 1872 et l'A.T. en
1874. Ces deux oeuvres, qui furent adoptées parla Société biblique de Paris,
marquaient un progrès notable destraductions françaises de la Bible. Une révision