cette tâche. Il ne mit guère qu'une année à s'enacquitter (de la fin de 1533 ou du début
de 1534 au commencement de1535). Quoiqu'on travaillât alors, dans tous les
domaines, avec plusd'intensité que de nos jours (l'impression ne prit que quatre
mois),ce délai paraît bien court pour une telle oeuvre, d'autant plus quela traduction
est accompagnée de nombreuses notes, en particulier devariantes tirées des LXX, et de
parallèles. On a supposé, ce qui esttrès vraisemblable, que l'auteur s'était occupé
depuis longtemps dela traduction de l'A.T. C'est pour cela que ses amis l'avaient sifort
pressé d'accepter une tâche déjà préparée et qu'il ne luirestait guère qu'à mettre au
point. Au jugement d'un homme aussi autorisé qu'Edouard Reuss, laversion de l'A.T.
constituait un chef-d'oeuvre pour l'époque. Le N.T.ne paraît être qu'une révision assez
légère de celui de Lefèvre, dontil reproduit littéralement des paragraphes entiers. La
Bible d'Olivetan devait régner pendant plus de trois sièclessur les Églises protestantes
de langue française. Non sans subir, ilest vrai, de nombreuses révisions. Elle fut
corrigée partiellementpar l'auteur lui-même, avant sa mort (survenue en 1538). Peu
après sesuccédèrent des éditions plus ou moins retouchées (1540, 1545,
1551).Mentionnons en particulier celles de 1554 et de 1560, auxquellestravailla
Calvin. Plus importante encore fut la révision de 1588, lapremière de celles qui
devaient se présenter sous l'égide des«pasteurs et professeurs de l'Église de Genève».
Aussi considérable qu'ait été tout ce travail, il ne constituaitpas une véritable refonte
de l'oeuvre d'Olivetan. Les correctionsétaient inégales, peu systématiques et pas
toujours heureuses, mêmeau point de vue du style. Par exemple, Ge 1:6-8:
étendue
substitué à «firmament»; Ge 1:11:
que la terre pousse son jet,à savoir herbe...,
au lieu
de: «que la terre produise verdure,herbe...»; Ge 2:6:
ni aucune vapeur ne montait de la
terre,qui arrosât
(on ajoutait gratuitement au texte une négation), aulieu de: «mais une
vapeur montait de la terre et arrosait»; Mt5:7: bienheureux sont les miséricordieux, car
miséricorde leursera faite,
au lieu de «car ils obtiendront - miséricorde». (Nouscroyons
inutile, ici et dans la suite, de garder l'orthographe del'époque). Défaut plus grave,
beaucoup de corrections révèlentl'influence de la polémique contre le catholicisme;
elles forcent letexte et parfois même en altèrent le sens, Elles soulevèrent dans lecamp
adverse de véhémentes protestations. Citons seulement celles deVéron, dans
l'appendice de son N.T. de 1647 (p. 60ss). Le fougueuxcuré de Charenton aurait bien
dû plutôt méditer la parabole de lapaille et de la poutre, car nul traducteur, on le verra
plus loin, nes'est montré moins impartial que lui. Mais il faut reconnaître qu'ily a du
vrai--à côté de maintes erreurs--dans ses observations. AinsiNe 8:8, Olivetan traduit
(d'ailleurs fort mal) «lurent...aulivre de la Loi...et donnaient l'intelligence: et
entendirent à lalecture»; 1588: «...l'intelligence, la faisant entendre
parl'Écriture même»
(Écriture est introduit dans le texte pourfavoriser le dogme de l'autorité de la Bible); Ga
2:16,Olivetan: «sinon par la foi en J.-C»; 1588: «mais
seulement
parla foi» (on a voulu
affirmer la justification par la foi seule);Heb 10:10, Olivetan: «nous sommes sauvés par
l'oblation une foisfaite du corps de J.-C.»; 1588: «par l'oblation une
seule
foisfaite»