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BIBLE (les traductions françaises de la)
La France est un pays qui a manifesté de tout temps un grand intérêtpour la Bible, et
où l'on s'est constamment efforcé de la rendreaccessible au peuple en la lui présentant
dans sa langue. Dès le IIIe siècle, il y eut des versions gauloises de la Bible. On
latraduisit plus tard dans les divers dialectes nationaux, à mesurequ'ils se formèrent:
français, provençal, lorrain, etc. On possède unassez grand nombre de traductions, du
XII e au xv e siècle. Aucunen'est la reproduction intégrale et exclusive du texte
original. Cesont des Bibles 1 historiées» et «glosées»; elles donnent (d'après laVulgate)
les
récits historiques
des livres saints, en laissant decôté les parties didactiques ou
poétiques (dont quelques-unes,notamment les Psaumes, sont souvent éditées à part),
et elles yajoutent toutes sortes d'explications, de commentaires ou decompléments
divers. Elles les incorporent purement et simplement dansle texte, ou bien elles les en
distinguent en les faisant précéder dumot «glose». Le chef-d'oeuvre du genre est l'
Historia scholastica
de Pierre Comestor (vers 1180): l'auteur introduit dansles saints
livres tout le savoir du temps. Citons encore la «Bible del'Université de Paris» (1226 à
1250), la Bible de Guiart des Moulins(1289), la Bible (complète) de Jean de Rely,
confesseur de CharlesVIII, publiée sur l'ordre du roi, vers 1496. Le N.T. des
moinesJulien Macho et Pierre Farget, édité à Lyon par Barthélémy Buyer,vers 1477,
est, de toutes ces oeuvres bibliques, celle qui serapproche le plus d'une traduction
proprement dite, bien qu'ilrenferme encore de courtes gloses. La première traduction
véritable de la Bible en français, rendantexactement le texte tout entier et le donnant
lui seul, fut celle dusavant humaniste Lefèvre d'Étaples. Ce fut sur le désir de Louise
deSavoie, mère de François I er, et de Marguerite de Navarre, soeur duroi, qu'il
entreprit son oeuvre. Comme tous ses prédécesseurs, iltravailla sur le texte latin de la
Vulgate. Le N.T. parut à Paris, en1523, et fut accueilli avec une grande faveur. Mais il
se heurta àl'opposition de la Sorbonne. Depuis le XIII e siècle, l'Église voyaitavec une
défiance croissante les versions françaises des saintslivres, à cause du grand usage
qu'avaient fait les hérétiques de laBible en langue vulgaire (les Albigeois ou Cathares,
notamment,avaient largement répandu la Bible provençale, et de même lesVaudois).
Ce ne fut qu'à grand'peine et grâce à la protection du roi,que Lefèvre put échapper aux
sanctions judiciaires. Encore jugea-t-ilprudent de s'enfuir à Metz. Son N.T. fut
sévèrement condamné, et, àpartir de 1524, nul, en France, n'osa plus l'imprimer. Il fut
édité àl'étranger, principalement à Anvers. C'est là aussi que parut saBible complète,
en 1528. Elle fut rééditée plusieurs fois (1530,1534, 1541). Entre temps la première
traduction de la Bible en français,d'après les textes originaux, avait été publiée à
Neuchâtel parRobert Olivetan (en 1535).L'initiative de cette oeuvre revient auSynode
des Églises vaudoises. Dans sa session du 12 septembre 1532, àChanforans, il avait
résolu de faire les frais d'une Bible enfrançais. Restait à trouver le traducteur. Après
de vives instances,Farel et Viret réussirent à décider un disciple de Lefèvre
d'Étaples,Louis Olivier, dit Pierre-Robert Olivetan, cousin de Calvin, àentreprendre