Page 1200 - Dictionnaire Westphal

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prêtres, scribes, annalistes nationaux qui transcrivirentces oeuvres populaires, les
retravaillèrent et en fondirent lesdiverses sources en une seule narration. Mais ils ne
parvinrentjamais à dépersonnaliser tout à fait l'oeuvre des rhapsodes ni àsupprimer
leurs phrases cadencées. La Genèse, les livres des Juges,de Samuel, des Rois même,
dans beaucoup de leurs parties narratives,sont en style rythmé, et l'on y rencontre des
tableaux, desbiographies, qui se détachent de l'ensemble comme un tout et qui
sontd'un art achevé. Les oeuvres historiques qui sortirent les premièresde cette
élaboration littéraire furent les deux grands documents del'histoire sainte: le Jéhoviste
et l'Élohiste, fondus en un seulrécit au cours du VII e siècle par un rédacteur qui
appartenait aumilieu des prophètes. A cause de ce caractère, on a appelé cesannales
primitives, dont on retrouve des fragments jusque dans leslivres des Rois: l'Écrit
prophétique (JE). Après la ruine du royaumed'Israël, en 722, les prophètes se remirent
à l'oeuvre dans leroyaume de Juda et rédigèrent les écrits du cycle deutéronomique
(D)pour essayer d'épargner à Jérusalem le sort de Samarie que sadésobéissance avait
perdue. A ce travail de rédaction appartiennentle Deutéronome et la composition
définitive des livres de Josué,Juges, Samuel, Rois. Plus tard, après la chute de Sion,
pendant etaprès l'exil, l'histoire d'Israël reçut un troisième apport: lalittérature
composée par les prêtres (P). L'auteur principal, qui miten oeuvre les archives du
Temple et composa le code sacerdotal,fondit les documents qui venaient de l'école des
prophètes avec ceuxqu'il tenait des traditions du sanctuaire et donna vers le milieu
duV e siècle au livre de la Loi, le Pentateuque, sa forme définitive.Ce livre, composé
sans doute sur les bords de l'Euphrate pendantl'exil, fut apporté par Esdras à
Jérusalem et adopté par lacommunauté juive comme la charte définitive de sa religion.
L'écoledes prêtres ne s'en tint pas là et rédigea plus tard, au cours du IIIe siècle, le
livre des Chroniques, ouvrage conçu dans un tout autreesprit que le livre des Rois, et
une histoire de la restaurationopérée par Esdras et Néhémie. On voit par ces brèves
indications àtravers combien de remaniements et par quelle quantité et quellevariété
d'auteurs nous sont parvenues les pages qui racontent dansnotre Bible l'histoire du
peuple élu. Les découvertes modernes relatives aux archives de l'ancien
mondesémitique, notamment celle du code d'Hammourapi, contemporaind'Abraham,
nous interdisent d'exclure la possibilité que les Hébreuxétablis en Egypte aient eu
entre les mains des documents écrits,fixant au moins quelques points du passé de
leur race et de lalégislation patriarcale. Aucune raison scientifique ne s'oppose
nonplus à ce qu'un certain nombre de lois fixant l'alliance de Jéhovahavec son peuple,
et certaines données concernant l'hygiène des tribusou les péripéties de leur marche
au désert, remontent à Moïselui-même. Les critiques s'accordent généralement à
reconnaître dansle cantique de Débora un morceau poétique contemporain des
faitsqu'il exalte. Israël avait donc au temps des Juges, c-à-d. bien avantl'an 1000 av.
J.-C, la pleine maîtrise de sa langue et de son génielittéraire. Parmi les livres
prophétiques rédigés tantôt par le prophètelui-même, tantôt par ses disciples, le plus