en cette langue que le Messie donna sesenseignements. Les premiers documents qui
fixèrent les souvenirs dela vie du Seigneur durent être rédigés en araméen. Quand
Papias ditque Matthieu écrivit en hébreu la collection des discours de Jésus
(logia),
il
n'entend sans doute pas autre chose que l'araméen,car il serait fort étonnant que
l'apôtre eût publié en languearchaïque des propos qu'il avait entendus de son Maître
en languepopulaire. Le souci de l'exactitude lui commandait de rendre lesparoles de
Jésus dans les termes où il les avait dites. Mais c'ests'avancer trop que de prétendre
que tel ou tel livre du N.T., sous laforme où nous le possédons, a été écrit d'abord en
araméen, puis misen grec. L'auteur de l'év. de Matthieu, qui traduisit en grec et
encadrade récits les
logia
de l'apôtre (voir Évangiles synoptiques),fait par ailleurs des
citations tirées des LXX, ce qui prouve qu'ilmaniait fort bien le grec. Quelque regret
que l'on en puisse avoir,il faut reconnaître que les paroles que nous possédons de
Jésus nesont parvenues jusqu'à nous qu'à travers une traduction, latraduction dans
une langue d'un tout autre génie que la sienne. Cecidoit nous amener, dans les cas
difficiles, à nous attacher à l'espritplutôt qu'à la lettre. On a prétendu, jusqu'à ces
derniers temps, quele N.T. avait été écrit dans un dialecte spécial, qu'on appelait legrec
hellénistique, différent du grec courant par des particularitésqu'on attribuait surtout à
l'influence de l'A.T. et des formes de lapensée sémitique. Les papyrus et les
inscriptions que l'on adécouverts en ces dernières années prouvent que le grec du N.T.
étaitbien la langue en usage au I er siècle de notre ère dans tout lebassin de la
Méditerranée. On appelle aujourd'hui ce grec la languecommune
(koïnè).
Il a donc fallu
refaire toutes les grammaires dugrec du N.T. pour le ramener à cette langue commune,
sans toutefoisméconnaître les traces occasionnelles des habitudes littérairesjuives,
mais en renonçant à voir dans celles-ci une influenceprépondérante. Les auteurs de tel
évangile ou de telle épîtrepensaient sans doute en araméen et pouvaient à l'occasion
chercher àrester le plus près possible du texte hébreu de l'A.T.; ils n'enétaient pas
moins capables, en général, de fort bien écrire le grecde leur temps. Il est probable
aussi que, dans plus d'un cas, telrécit évangélique n'est que la traduction plus ou
moins libre d'unesource provenant de Palestine et écrite dans la langue de cepays.--
Voir Langue PARLÉE PAR JÉSUS.
6. TEXTE.
Il est difficile, pour ne pas dire
impossible, de se faire une idéede l'histoire du texte de la Bible dans ses origines. Nous
ignoronsce qui, dès les premiers temps, a été fait pour sauvegarder dans leurteneur
primitive les manuscrits des auteurs; d'autre part, lesprocédés littéraires du milieu où
l'A.T. a vu le jour donnent àpenser que les matériaux bibliques furent collationnés,
fondusensemble, remaniés par les rabbins avant et après l'exil jusqu'aumoment, dont
nous ne pouvons fixer la date, où le texte fut établi
ne varietur
et considéré comme
sacré. Il est aisé de constaterpar la traduction grecque des LXX, commencée sous
Ptolémée II (285-247av. J.-C), achevée, semble-t-il, avant l'ère chrétienne, que le
textehébreu dont ses auteurs se servirent différait sensiblement en maintsendroits du
texte fixé par les Massorètes, savants juifs quisoumirent les manuscrits de la Bible