Testament»; etc'est ainsi qu'on est arrivé à désigner la Bible hébraïque par un motque
Lucien Gautier a raison d'appeler «énigmatique», mot qui achèved'enlever à la Bible
hébraïque son titre à caractère historique:
les livres de l'Ancienne Alliance.
Le mot
testament, substituant,comme le mot Bible, l'idée d'unité à celle de diversité, y ajoute
parsurcroît l'idée d'immutabilité. Avec lui la collection d'écrits,ayant chacun son
auteur, son milieu, son caractère historique et sonintention religieuse, devient un
texte unique, un tout d'une seulevenue, composé de phrases et de mots sacrés et
intangibles,expression d'une dernière volonté: la volonté de Dieu lui-même. A luiseul,
le mot a contribué plus qu'on ne le pense à rendre la critiquebiblique impopulaire
dans les Églises, et à la faire considérerd'instinct comme une entreprise profane,
attentatoire au caractèremême des saintes Écritures: on ne touche pas à un
testament.
3. CONTENU.
L'Ancien Testament, la Bible hébraïque, dont Jésus se servait
ainsique ses compatriotes de Palestine, groupait les livres en troisrecueils:
la Loi, les
Prophètes, les Écrits
ou
le Reste deslivres
1.
Le premier recueil, constitué vers la fin du
V esiècle av. J.-C, renferme les cinq livres dits de Moïse:
Genèse,Exode, Lévitique,
Nombres, Deutéronome.
C'était le recueilessentiel, celui de thôrâ ; grec
nomos)
servit
plus tard pour désigner la Bible hébraïque tout entière. Lesécrivains du N.T. donnent
la Loi comme référence pour leurs citationstirées de l'A.T., même quand elles ne font
pas partie du
Pentateuque
(mot dérivé du grec et employé pour la première foispar
Tertullien pour indiquer les cinq livres de Moïse; il signifielitt. les cinq étuis renfermant
les rouleaux de la Loi). La Loi étaitla seule partie de l'Ancien Testament acceptée
comme charte divinepar les Samaritains.
2.
Le second recueil, les Prophètes (hébreu
nebiim),
se divise en deux sections: Prophètes antérieurs etProphètes postérieurs. La
première section renferme les livres de
Josué, Juges, Samuel, Rois.
Elle parle du temps
où les premiersprophètes façonnèrent le peuple élu. La seconde section renferme
lesoeuvres des prophètes, dont les écrits nous ont été conservés:
Ésaïe, Jérémie,
Ézéchiel,
et le
recueil des Douze
(les petitsprophètes). Il comptait ainsi huit livres. Cette
seconde partie de laBible hébraïque a été constituée et ajoutée à la première dans
laseconde moitié du III e siècle av. J.-C.
3.
Le troisième recueil, les Écrits (hébreu
ketoubim),
renfermait d'abord trois livres qui composent entreeux une sorte de triade:
Psaumes, Proverbes, Job
; puis un recueilappelé
Megillôt
=les rouleaux, qu'on lisait au
moment des fêteset qui renfermait le
Cantique, Ruth,
les
Lamentations,l'Ecclésiaste,
Esther.
Enfin venaient
Daniel, Esdras,
les
Chroniques.
En tout onze livres. Cette
troisième partie montrecomment l'âme humaine a réagi en face des commandements
et despromesses de Dieu. Elle n'avait pas l'autorité normative de la
Loi,
ni le caractère
de message divin comme les
Prophètes.
LeSiracide les appelait «les autres livres de nos
pères». Ce recueiln'était pas exactement fixé au temps de Jésus. Il ne jouit del'autorité
canonique qu'à partir du I er siècle de l'ère chrétienne.On eut beaucoup de peine à y
faire entrer Esther, le Cantique etl'Ecclésiaste. Ce qui n'a pas empêché les rabbins
postérieurs dediviniser l'ensemble du Canon et d'imaginer au profit de tout l'A.T.la