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SECTION VI. - Versions françaises
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§ 43. Historique
. - Les traductions de la Bible en langues modernes datent des
temps de la Réformation. Wikleff et Jean Huss en avaient déjà compris la
nécessité, et Wikleff avait achevé sa traduction en 1380; mais un bill du
Parlement ne permit pas qu'elle fût rendue publique. Tyndale, après lui, se
remit à l'oeuvre avec l'esprit de suite et d'énergie que réclamait une entreprise
aussi périlleuse que difficile (1526, 1532). Il devait mourir martyr de la vérité.
Luther le suivit de près. Puis vinrent les réformateurs de France et de Suisse.
Partout on comprit que la Bible donnée aux peuples était à la fois la
conséquence de la Réforme et son plus puissant auxiliaire.
La première version de la Bible publiée en français parut en 1526, à Meaux,
sous les auspices de Lefèvre d'Etaples - ce n'était qu'un essai; il ne comprenait
que les Evangiles. - Neuf ans plus tard, en 1535, Robert Olivétan, de
Neuchâtel, l'un des compagnons d'oeuvre de Farel et de Calvin, publia la
première version française de la Bible tout entière (voir:
.
Remarquable pour le temps où elle parut, cette version a servi de base à la
plupart des versions protestantes françaises qui ont paru depuis. En 1561, on
la réimprima sans changement pour l'Ancien-Testament, mais avec quelques
modifications dans le Nouveau, corrections dues à Calvin et à Théodore de
Bèze; elle était précédée d'une préface dogmatique de Calvin. Il en parut une
nouvelle édition en 1588, considérablement modifiée, avec un avertissement,
sous forme d'épître, sur le perfectionnement graduel des traductions de nos
livres saints. Cette traduction suffit pendant plus d'un siècle, et fut réimprimée
en 1693. L'édition de 1712 subit quelques corrections de langage et
d'orthographe; on y ajouta quelques notes explicatives; l'épître et la préface
restèrent les mêmes. Cette édition de 1712 fut évidemment de beaucoup
supérieure à celles qui avaient précédé, et à l'heure qu'il est encore elle est
considérée comme ayant de la valeur. Elle laissait néanmoins assez à désirer
pour que David Martin, du Languedoc, pasteur à Utrecht, d'une part, et de