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concourant à rendre l'incrédule complètement inexcusable, et l'apostasie
criminelle et fatale au plus haut degré.
Le raisonnement de l'Apôtre est admirablement approprié à l'esprit de ceux à
qui l'épître était destinée. S'adressant à des Juifs, il profite avec beaucoup de
tact et avec un grand à propos de tout ce qu'il y a de justement vénérable dans
leur loi, leurs prophéties et leur histoire, et il puise tous ses arguments (XII,
16, 18; XIII, 2, 10, 12, 14) et ses exemples dans ce que leurs grands hommes et
leurs grands écrivains présentent de plus noble et de plus excellent (chap. XI).
Lorsqu'il doit exposer une idée en désaccord avec les vues et les sentiments
juifs, il prépare avec soin leurs esprits à la recevoir (V, 11) et il raisonne
constamment d'après leurs propres principes. Les Juifs se considéraient
comme tout spécialement favorisés, puisqu'ils possédaient une révélation
divine qui leur donnait Moïse comme le législateur, Aaron et sa race comme les
prêtres, et tous les rites du temple comme le culte de Dieu. L'Apôtre ne
renverse pas directement cette idée particulariste; mais l'acceptant pour point
de départ de son argumentation, il s'attache à leur démontrer que la foi
chrétienne n'est que l'accomplissement de la leur propre.
Cette épître peut se diviser en deux parties principales: La première, destinée à
exposer le but et à prouver l'infériorité de la dispensation juive; la seconde, à
confirmer et à affermir les Juifs croyants dans leur nouvelle profession
religieuse.
I.
Après avoir établi que la dispensation mosaïque et l'économie chrétienne
procèdent du même auteur divin, l'écrivain sacré prouve l'excellence supérieure
de la dernière, par ce fait qu'elle a été introduite par le Messie:
1°
plus grand que les prophètes, et même que les anges, nonobstant son
humiliation momentanée et sa mort qui, loin de diminuer sa gloire, était le
véritable moyen d'accomplir son oeuvre rédemptrice (I et II);
2°
supérieur à Moïse, leur législateur vénéré, qui n'était pourtant qu'un
serviteur. Ici l'Apôtre, avec solennité, presse les chrétiens hébreux de ne pas
perdre par leur incrédulité ce repos actuel et cette gloire finale, dont la Canaan,
dans laquelle Josué avait conduit leurs pères, n'était qu'un type (III à IV, 13);