Page 757 - LE MANUEL DE LA BIBLE

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qui ne se puisse concilier d'une manière satisfaisante avec les autres épîtres de
Paul. Si elle en diffère par l'ampleur oratoire du langage et par le parfait
enchaînement des sentences, on retrouve la même manière dans quelques-uns
des discours de Paul que Luc nous a conservés dans les Actes.
Une composition aussi régulière devait naturellement différer, dans sa forme,
de lettres ayant un caractère tout différent, et écrites dans des circonstances
particulières. Du reste, le lecteur attentif peut plus d'une fois retrouver les
expressions concises, les brusques transitions, les raisonnements adressés aux
pensées cachées et aux objections secrètes des lecteurs, ainsi que les phrases
enchevêtrées et les longues parenthèses résultant de l'ardeur et de
l'exubérance de sentiment, qui caractérisent les autres écrits de l'Apôtre. Ainsi
les preuves internes, comme les preuves externes, appuient l'opinion des
anciens Pères, que l'épître, dans son ensemble, est de Paul; quoiqu'il puisse
avoir adopté occasionnellement, comme le supposent quelques critiques, la
phraséologie et le style de Lue, son compagnon. il est impossible de dire
pourquoi cette épître, de même que la première de Jean, est anonyme. Peut-
être l'Apôtre désirait-il que ses premiers auditeurs ou lecteurs sentissent la
force de son contenu avant de connaître de qui elle venait, attendu que les
Juifs
avaient
contre
lui
de
grandes
préventions.
L'épître s'adressait évidemment à des chrétiens hébreux; ils paraissent avoir
habité quelque ville ou contrée particulière (voyez chap. XIII, 23), et avoir formé
entre eux une société ou une Eglise ayant son organisation propre, qui a
subsisté pendant un certain temps; ils avaient eu des pasteurs enlevés par la
mort (XIII, 7) et ils ont maintenant des docteurs auxquels ils sont exhortés à
obéir (XIII, 17). On suppose généralement qu'ils résidaient en Palestine, soit à
Jérusalem, soit à Césarée.
L'épître s'adresse particulièrement à cette classe de fidèles d'entre les Juifs; par
leurs souvenirs et par leur position ils étaient exposés au danger de retomber
dans le judaïsme ou d'attacher une trop grande importance à l'ancienne loi.
L'écrivain met devant leurs yeux la suprême autorité, les sanctions
particulières et la gloire souveraine de la dispensation chrétienne comme