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représentant comme privé des grâces du style, et des ressources de l'art
oratoire, et mettant même en question son autorité apostolique: ils
plaidaient, en outre, en faveur d'une vie licencieuse, sous prétexte de liberté
chrétienne. De là naquirent des divisions et des dérèglements; l'Eglise ne
tarda pas à déchoir de sa foi primitive, de sa pureté et de son amour.
Cette épître paraît avoir été écrite d'Ephèse, après le premier voyage de Paul
à Corinthe, et comme il se disposait à en faire un second (II, 1; IV, 19; XVI,
5). Nous voyons par Actes, XVIII, 1, et XX, 1-3, que Paul visita deux fois
l'Achaïe et indubitablement Corinthe, et que, la seconde fois, il y vint
d'Ephèse, après avoir passé deux ans dans cette ville. Que cette épître ait
été écrite pendant cet intervalle, c'est ce que confirment pleinement
différentes mentions incidentes, telles que XV, 32; XVI, 8 (cf. aussi XVI, 9,
avec Actes, XIX, 20-41), de même encore la salutation de la part des Eglises
de l'Asie dans le chap. XVI, 19 (voyez Ire partie, § 107), et la salutation de la
part de Priscille et Aquila, qui étaient à Ephèse à cette époque (Actes, XVIII,
26).
L'objet de l'épître paraît avoir été, en partie, de répondre à une lettre que
Paul avait reçue de l'Eglise, et dans laquelle on lui demandait des conseils et
des instructions sur certains points (voyez chap. VII, 1); et, en partie, de
réprimer des désordres plus ou moins scandaleux, dont l'Apôtre avait
entendu parler par quelques-uns de ses membres (I, 11; V, 1; XI, 18), qui lui
avaient occasionné un profond chagrin et l'avaient engagé même à envoyer
Timothée à Corinthe (IV, 17).
Les maux auxquels Paul cherchait à porter remède parmi les Corinthiens
étaient surtout les suivants:
Les divisions de parti (I, 10-16; III, 4-6), un penchant exagéré pour la
philosophie et l'éloquence (I, 17, etc.), une immoralité scandaleuse tolérée
parmi eux (chap. V). Des procès étaient intentés par un membre contre un
autre devant des juges païens, contrairement aux règles de la sagesse et de
l'amour chrétiens, et quelquefois contrairement aux principes mêmes de la
justice (VI, 1-8). Une indulgence licencieuse (VI, 9-20). Dans leurs
assemblées religieuses, les femmes, dans les exercices de leurs dons
spirituels, avaient manqué de la décence convenable en ôtant leur voile,
marque distinctive de leur sexe (XI, 3-10). La cène était profanée par la
manière dont elle se célébrait (XI, 20-34), quelques-uns y trouvant une
occasion de réjouissance pour eux-mêmes, et un moyen d'humilier leurs
frères pauvres (XI, 20, 21). Les dons miraculeux, particulièrement le don
des langues, avaient donné lien à des abus (chap. XIV). Enfin l'importante