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qu'un Juif pouvait et probablement devait être soumis à ce rite spécial aussi
longtemps que l'ancienne loi demeurait en vigueur, pour un Gentil, s'astreindre
à cette observance, c'était abandonner sa liberté 'en même temps que nier
l'universalité de l'Evangile et la suffisance de la croix. Dans toute sa prédication
comme dans presque toutes ses épîtres, il établit ce point de vue (Actes, XV, 1-
31; XXI, 17-25. 2 Cor., XI, 3. Gal, II, 4; III, 5; VI, 12. Col., II, 4, 8, 16. Philip.,
III, 2. Tite, I, 10-14, etc.).
Tandis que la tendance judaïsante des premiers croyants les égarait dans une
direction, l'esprit de la philosophie profane les égarait dans une autre plus
fatale au christianisme, selon la remarque de Burton, que la persécution elle-
même.
Cet esprit se manifestait sous diverses. formes; mais le fond en était
ordinairement un rationalisme orgueilleux qui refusait d'admettre comme vraie
une doctrine incompatible avec aucun des systèmes déjà existants, ou qui
accommodait à son propre système tout ce qu'il en admettait. Les Grecs
recherchaient la sagesse. Cette tendance se montra de bonne heure dans les
différentes sectes gnostiques qui surgirent au sein de l'Eglise chrétienne. Ce
nom de gnostiques, dérivé de (connaissance), avait un sens général très-étendu
et comprenait les défenseurs de systèmes très-différents.
Une de ces sectes était celle des docètes ou partisans de l'apparence; ils ne
pouvaient comprendre qu'une personne divine (attribut qu'ils reconnaissaient à
notre Seigneur) pût coexister avec une personne humaine. Ils prétendaient que
Jésus n'avait eu qu'un corps apparent et qu'il n'avait vécu sur la terre qu'en
apparence. Cette hérésie anéantissait donc la fraternité de Jésus-Christ avec
notre race, et la réalité de son sacrifice expiatoire.
Une autre secte, celle des cérinthiens, ainsi nommée de Cérinthe, son
fondateur, tirait du même principe des conclusions diamétralement opposées.
Ils niaient la divinité de Jésus-Christ et disaient que le Christ n'était qu'une
émanation de la divinité, descendue sur l'homme Jésus au moment de son
baptême, et qui continua de demeurer en lui jusqu'à sa mort; qu'alors le