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chrétiens, séparés du monde, et unis par une communion spirituelle. Trois
sont écrites à de simples particuliers fidèles; trois à des pasteurs ou
évangélistes; deux, les Hébreux et Jacques, exclusivement aux Juifs convertis;
deux, les deux de Pierre, aux Juifs convertis principalement; deux, la première
de Jean et Jude, aux disciples de Christ en général; les cinq dernières sont
appelées épîtres catholiques ou universelles; neuf sont adressées à diverses
Eglises, composées surtout de païens convertis. Dans chacun de ces cas,
l'auteur et les circonstances aident à faire comprendre le but particulier de
l'épître; toutefois, comme il n'y a qu'un seul Evangile pour les Juifs comme
pour les Gentils, ce détail est ici moins important qu'ailleurs.
§ 169. 2° Du but spécial de chaque épître.
- Il a plu à l'Esprit de Dieu
d'instruire le genre humain, non point par des traités précis et formels, mais
par des lettres écrites sous sa direction et de nature à venir au-devant des
besoins et des circonstances particulières qui pouvaient se présenter; chaque
épître s'adresse en effet à des besoins différents et à des situations diverses. Il
faut donc chercher à reconnaître quel est le but évident de chaque épître; nous
disons à dessein le but évident, car c'est un abus scientifique de chercher
partout à découvrir un but caché, et d'interpréter chaque partie en la
subordonnant à ce but mystérieux, au détriment du sens naturel. Les
directions de M. Locke sont, à cet égard, dignes d'être rappelées. Lisez, sans
vous arrêter, une épître d'un bout à l'autre, et cherchez à en constater
l'intention et le but. “Si la première lecture, dit-il, m'a fourni quelque lumière,
la seconde m'en a donné davantage; et c'est ainsi que j'ai toujours procédé,
lisant constamment l'épître entière du commencement à la fin, jusqu'à ce que
j'eusse une idée générale exacte et claire du dessein de l'écrivain, des divisions
principales de son ouvrage, des arguments qu'il emploie et de la disposition de
l'ensemble.
Ce résultat, je l'avoue, ne peut être obtenu après une ou deux lectures faites à
la hâte; il faut les répéter sans relâche, en faisant soigneusement attention à la
teneur de l'épître, et sans égard à la division en chapitres et en versets. Le