603
Le livre de Néhémie reprend l'histoire des Juifs environ douze ans après la
fin du livre d'Esdras. Il raconte les améliorations qui ont été introduites
dans la ville de Jérusalem et les progrès de la réformation parmi le peuple
sous son gouvernement.
Bien que le temple eût été reconstruit sous l'administration d'Esdras, les
murailles et les portes de la ville étaient encore dans l'état de ruine dans
lequel les Caldéens les avaient laissées, et les habitants étaient exposés aux
attaques et aux invasions de tous leurs ennemis. Néhémie fut l'instrument
choisi de Dieu pour travailler à la défense de la ville. Quoique Juif et captif,
il avait été, par les soins de la vigilante providence de Dieu, nommé
échanson du roi de Perse, l'une des fonctions les plus honorables de la cour,
l'une de celles qui supposaient ou amenaient le plus d'intimité avec le roi.
Mais au milieu des richesses et des honneurs temporels, son coeur était
resté pur, et quand il entendit parler de la déplorable condition de ses
compatriotes de la Judée, il ne put se défendre d'en être profondément
affecté. Il en fit le sujet de ses sérieuses prières, et après quatre mois,
rabattement de son visage ayant révélé au roi la tristesse de son coeur, il
saisit cette occasion de demander un congé pour retourner à Jérusalem. Le
roi, peut-être sous l'influence de la reine Ester son épouse, nomma Néhémie
gouverneur de Jérusalem, avec mission spéciale de reconstruire les
murailles et de mettre la ville en état de défense (I; Il, 1-8).
La reconstruction des murailles fut achevée en cinquante-deux jours,
nonobstant toutes les difficultés suscitées par Sanballat et par Tobija, qui
étaient les principaux chefs de la colonie rivale des Samaritains. Ils
commencèrent par se moquer des travaux entrepris, puis ils essayèrent de
les empêcher par la force; ils cherchèrent, par divers stratagèmes, à affaiblir
l'autorité morale de Néhémie, et finirent par attenter à ses jours; mais tout
fut inutile. A ces dangers du dehors se joignaient encore les difficultés
intérieures, provenant de la misère générale qui était soigneusement
entretenue et aggravée par les cruelles exactions des riches et des
principaux. Les griefs du peuple étaient légitimes; Néhémie résolut d'y faire
droit; il adressa de sérieuses observations aux grands de la nation, et donna
lui-même l'exemple de toutes les réformes en réduisant au strict nécessaire
les dépenses de sa maison. Il paraît que vers cette époque les principaux de
Jérusalem conspirèrent aussi avec Tobija contre le gouverneur (II, 9-20; III à
VI). C'est ainsi que les brèches furent réparées “en un temps d'angoisse
(Dan., IX, 25).” Et l'achèvement des murailles fut joyeusement célébré par
une fête solennelle sous la direction de Néhémie (XII, 27-43).