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SECTION V. - La captivité. La restauration. Livres de cette époque. Esdras,
Aggée, Zacharie, Ester, Néhémie, Malachie.
§ 95. La captivité et la restauration.
- La captivité de Babylone fut une
dispensation remarquable, et jusqu'alors sans exemple, des plans de la
Providence. Le peuple d'Israël, à l'époque des juges, avait été plus d'une fois
réduit en captivité par ses ennemis; et l'arche, symbole de la présence de
l'Eternel, avait dû déserter une fois déjà le tabernacle de Silo pour
accompagner dans le pays des Philistins ses ennemis victorieux; mais
jamais le désastre national n'avait atteint les proportions auxquelles il arriva
sous le règne de Nébucadnetsar.
Tout le pays est plongé dans la désolation: l'arche est détruite ou perdue, le
temple a été consumé jusqu'en ses fondements, la ville de Jérusalem n'est
plus qu'un monceau de ruines; le corps de la nation a été livré entre les
mains de barbares ennemis; les habitants des villes et des campagnes ont
été emmenés en esclavage dans une contrée éloignée; il n'y a plus pour eux
de patrie. On a de la peine à se représenter quels devaient être les
sentiments et les pensées des Israélites pieux qui avaient eu le malheur de
naître en ces temps d'orage. Le livre des Lamentations de Jérémie, qui fut
écrit à cette époque, est fait pour ces âmes éprouvées, et le prophète, en
s'occupant de relever leur confiance et de ranimer leur courage, fait
entrevoir les résultats bénis d'une visitation dont les causes ont été justes et
légitimes.
En effet, quelque douloureux que fussent ces événements, ils étaient
admirablement calculés pour amener le développement progressif des plans
de Dieu et pour assurer le triomphe et les progrès de la vérité religieuse. La
captivité des Juifs à Babylone eut pour résultat de les détourner à tout
jamais de l'idolâtrie à laquelle ils avaient été si longtemps enclins, et dans
laquelle ils étaient si souvent retombés depuis Moïse, malgré les
avertissements de leurs prophètes, malgré les châtiments nombreux que
Dieu leur avait envoyés à diverses reprises. Elle servit à répandre parmi les
peuples païens la connaissance et la crainte de l'Eternel, et provoqua de la
part des Cyrus, des Nébucadnetsar et des Darius de solennelles
déclarations de leur foi en Jéhovah, le Dieu d'Israël. Elle prépara les voies à
la venue du Messie et à la dispensation évangélique, en faisant disparaître
quelques-unes des splendeurs du culte juif, quelques-unes de ses gloires
terrestres, son temple, son arche sainte, son importance comme nation, sa
foi en lui-même, et en dispersant les Juifs sur la plus grande partie de