Page 573 - LE MANUEL DE LA BIBLE

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spectacle; l'histoire profane dit, en effet, que ces prophéties ont été
littéralement accomplies.
Pour bien comprendre Nahum, il faut le comparer avec Jonas, dont il est la
continuation et le complément. Les deux prophètes nous donnent la même
leçon morale en deux parties: l'un nous montre l'ajournement des
jugements de Dieu, l'autre nous en montre l'exécution finale et définitive. La
cité condamnée reçut encore une fois, quelques années plus tard, un
dernier avertissement par la bouche de Sophonie (II, 13); puis la ruine fut
consommée, 606 avant Christ.
Ninive, dont parle le prophète, était alors la capitale d'un empire immense et
florissant. C'était une ville considérable par son étendue et par sa
population; elle était le centre du plus grand commerce du monde. Elle ne
devait cependant pas au commerce toutes ses richesses; c'était une “ville
sanguinaire,” toute pleine de mensonges et de rapine (III, 1). Elle pillait les
nations voisines, et le prophète la compare à une famille de lions qui
remplissent leurs tanières de proie et leurs repaires de rapines (II, 11, 12).
Elle était extrêmement bien fortifiée; des murailles colossales, de 100 pieds
de hauteur, armées de quinze cents tours, semblaient défier tous les
ennemis. Elle a été si complètement détruite, que, dans le second siècle de
l'ère chrétienne, il n'en restait déjà plus aucun vestige, et que sa position
exacte
a
été
longtemps
matière
à
contestation.
Le livre de Nahum est sans égal pour la sublimité des descriptions; c'est
tout un poème. Il s'ouvre par un solennel hommage rendu à la puissance
divine (2-8), puis il s'adresse aux Assyriens (9-14); les versets 12 et 13 sont
une parenthèse ayant pour but de consoler les Israélites par la perspective
d'un prochain repos et de leur future restauration. Le chapitre Il décrit le
siège et la ruine de Ninive. Au IIIe il revient sur ce sujet, et indique les
causes de la condamnation, les désordres de Ninive, ses péchés, sa
méchanceté. Le prophète rappelle l'exemple de No-Ammon (Thèbes) en
Egypte, pour illustrer par un grand souvenir les malheurs prochains qu'il
prophétise (III, 8-40).