Page 552 - LE MANUEL DE LA BIBLE

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être assujetties. Les peuples païens, il est vrai, ne sont introduits dans
l'Ecriture, soit dans la prophétie, soit dans l'histoire, que pour ce qui concerne
leurs relations avec le peuple de Dieu, avec l'Eglise; mais la leçon n'en demeure
pas moins. Toutes les nations lui appartiennent, elles sont dans sa main, et
l'on entrevoit peu à peu que toutes finiront par reconnaître sa loi et par se
soumettre à sa volonté.
Remarquons encore que le déclin et la chute du royaume temporel de Dieu
sur la terre (Juda aussi bien qu'Israël) servent à marquer dans la prophétie
l'avènement d'un nouveau royaume spirituel. Tandis que la première
dispensation s'approche rapidement de sa fin, les objets et les promesses de la
seconde prennent une forme plus sensible et se dessinent plus nettement.
Tous les prophètes qui annoncent la ruine, annoncent en même temps la
restauration, et semblent, par une confusion que nous comprenons
aujourd'hui, mêler à l'annonce de cette restauration ridée de bénédictions
immenses, telles qu'on n'en a jamais connu de semblables. Nous pouvons, en
présence de ces oracles, reconnaître l'éternité et l'immutabilité des desseins de
Dieu. Mais nous y voyons davantage encore; nous y reconnaissons la
miséricorde divine. Dans le coeur d'un Juif pieux, pour qui des bénédictions
temporelles étaient le plus sûr gage de la faveur céleste, la prophétie et les
événements contemporains devaient être une cause de grande perplexité.
Les épreuves actuelles ou prochaines avaient été sans doute méritées, mais
cette idée n'était pas une consolation. Les prophéties devaient intervenir pour
calmer les agitations d'une foi ainsi troublée et parfois ébranlée. L'Evangile
apparaissait, quoique voilé encore, à travers quelques-uns de ces oracles. De
cette manière, les espérances de l'Eglise étaient ajournées à une époque plus
ou moins éloignée, et les anxiétés du moment présent étaient adoucies par les
perspectives de l'avenir. Comme, dans le principe, la prophétie avait éclairé les
ténèbres d'une nature déchue, elle éclaira plus tard les ténèbres d'une grâce
négligée et méconnue, d'une alliance oubliée et violée. On peut voir, par les
Lamentations et par plusieurs psaumes (LXXIX, 4, 9; LXXIV, 2, 20), combien
les prophètes eux-mêmes avaient souvent besoin de consolations.