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troisième fois Nébucadnetsar monte contre Jérusalem. Après un siège de dix-
huit mois, la ville est prise au milieu de la nuit; un grand nombre de ses
habitants sont mis à mort, les enfants de Sédécias sont égorgés, et lui-même,
après qu'on lui eut crevé les yeux, est emmené, chargé de chaînes, à Babylone.
Vers la même époque, peu de mois après, Nébuzar-Adan, général de
Nébucadnetsar, mettait le feu à la ville, détruisait le temple, emportait les vases
sacrés, emmenait captif ce qui restait de la nation, ne laissant en arrière que
quelques pauvres malheureux pour cultiver la terre et l'entretenir un peu en
état.
Il est remarquable qu'on ne fit rien pour coloniser cette contrée abandonnée,
tandis qu'on avait envoyé des colons pour repeupler Samarie et le pays d'Israël;
la providence de Dieu veillait à ce que Jérusalem et ses environs demeurassent
libres et sans occupants jusqu'au jour où ses maîtres légitimes reviendraient
après avoir complété les soixante-dix années de leur captivité. Lors de sa
première expédition (606), Nébucadnetsar avait emmené comme otages à
Babylone, Daniel et ses compagnons; à la seconde, avec Jéchonias (597), il
emmena Ezéchiel; Jérémie et les autres prophètes de l'exil demeurèrent au
milieu des ruines de leur patrie.
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§ 72. La prophétie et la liberté humaine.
- En comparant ces faits avec les
oracles qui les avaient annoncés, nous pourrons en retirer de salutaires
instructions. Tous ces événements qui viennent d'être rapidement esquissés
avaient été prédits, et néanmoins, dans l'accomplissement de chacun d'eux,
nous pouvons reconnaître et constater la liberté des instruments humains qui
ont concouru à l'exécution des plans de Dieu.
Ahija, par exemple, annonce la division du royaume, la captivité d'Israël, et le
lieu même où ils seront dispersés (1 Rois, XIV, 15). Esaïe prédit la ruine de
Samarie, comme Osée l'avait fait, et la date de l'évènement; la préservation
momentanée de Juda, mais son envahissement par Babylone, qui n'était
encore alors qu'une puissance faible et pacifique. La catastrophe est complète
et sans espoir pour Samarie; car “Ephraïm sera retranché pour n'être plus un