Page 541 - LE MANUEL DE LA BIBLE

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Depuis Jéroboam, son premier roi, jusqu'à Osée, le dix-neuvième et dernier,
nous ne trouvons pas un seul roi qui n'ait pas été entaché de la dépravation
générale. De chacun il est dit qu'il “fit ce qui est mal en présence de l'Eternel.”
Jéhu, à la vérité, détruisit les prophètes de Bahal, et dut à son obéissance
partielle de grandes bénédictions temporelles; mais il “ne prit pas garde de
marcher selon la loi de l'Eternel, car il ne se départit pas du péché de
Jéroboam qui avait fait pécher Israël.” La nation prit exemple sur ses rois. Il y
eut sans doute quelques exceptions, mais une révélation spéciale de Dieu fut
nécessaire aux jours d'Elie pour les découvrir, et parmi les centaines de
milliers qui composaient Israël, il ne s'en trouva que sept mille qui n'eussent
pas fléchi le genou devant Bahal.
Cet état de choses était d'autant plus déplorable que les avertissements les
plus sérieux n'avaient pas fait défaut. Jéroboam savait pourquoi Dieu avait
frappé la famille de Salomon, et lui-même avait reçu d'Ahija des conseils et des
reproches. Dans l'espace de cinquante ans, Israël avait entendu les oracles de
Jéhu et de Michée, d'Elie et d'Elisée; ces deux derniers surtout avaient fait plus
de miracles qu'aucun prophète depuis Moïse et Josué. Peu d'années après leur
long ministère, étaient apparus Jonas, Osée et Amos. Tous les oracles de ces
prophètes avaient été confirmés par des châtiments providentiels et divins.
Jéroboam et sa famille avaient été retranchés, de même Bahasa et Zimri.
Pendant les deux cent cinquante-quatre ans de cette monarchie, neuf familles
différentes avaient occupé le trône, et leur histoire ne se compose presque toute
entière que de sang versé et de révolutions. Zacharie, fils de Jéroboam II, fut
tué après un règne de six mois par Sallum; celui-ci, au bout d'un mois, par
Ménahem, son fils et son successeur. Pékachja fut assassiné par Pékach, et
Pékach par Osée. Tous ces malheurs sont attribués à la politique impie et
idolâtre du premier roi (1 Rois, XIV, 9, 10. 2 Rois, XVII. 21-23). Jéroboam avait
cru devoir faire de la politique pour consolider son trône; mais, comme il arrive
toujours quand on s'écarte du droit chemin, sa politique avait causé sa ruine et
celle de son royaume. Il y a en effet “une voie qui semble droite à l'homme, et
dont la fin mène aux sentiers de la mort.”