Page 433 - LE MANUEL DE LA BIBLE

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La répétition d'une même pensée, sa reproduction périodique à de certains
intervalles, est encore un des caractères extérieurs de la poésie des
Hébreux. On en voit des exemples Ps. XLII, 5, 11; XLIII, 5; CVII, 8, 15, 21,
31. Esaïe, IX, 12, 17, 20; X, 4. Amos, I, 3, 6, 9, 11, 13; Il, 1, 4, 6.
Mais le trait distinctif le plus frappant de la poésie hébraïque c'est ce que
Lowth et d'autres avec lui ont appelé le parallélisme, c'est-à-dire une
certaine correspondance, soit de pensées, soit d'expressions entre les
membres d'une même période. Quelquefois, la seconde expression est un
peu plus que le simple écho de la première; elle ajoute une idée nouvelle,
une plus grande force, une plus grande beauté; il y a gradation dans la
forme, et quelquefois la même pensée est relevée encore par le contraste
d'une idée contraire. C'est en grande partie au fait du parallélisme et à ce
genre de structure de la phrase que les traductions les plus ordinaires de
ces livres doivent de conserver, malgré les imperfections de la forme, un
cachet poétique si prononcé; car, littérales, elles gardent la simplicité de la
forme et la naïve et pure beauté des pensées de l'original.
On distingue plusieurs espèces de parallélismes:
Le parallélisme synonymique, quand les membres de phrase qui se
correspondent expriment une même idée en des termes différents (Gen., IV,
23. Juges, XIV, 14. Ps. II, 10. Jér., II, 12, 27).
Le parallélisme antithétique (voyez chap. IV, sect. III, § 90 et suiv.). -
Quelquefois il y a double synonymie et double antithèse (Esaïe, I, 3, 19, 20).
- La double forme, antithétique du parallélisme est assez commune chez les
prophètes; voyez en particulier le beau passage Hab., III, 17, 18 et Esaïe, IX,
10.
Le parallélisme synthétique, quand les phrases reproduites expriment
une même idée, mais avec une gradation dans le choix des mots, et d'une
manière progressive; le parallélisme est alors moins dans les mots que dans
les idées; il y a correspondance générale, d'identité ou d'opposition, entre les
différents membres des phrases. Le nombre des parallélismes de cette
espèce est très-considérable et très-varié; il renferme d'une manière générale
tous ceux qui ne rentrent pas dans les deux classes précédentes. - Ainsi, au
lieu d'être la simple reproduction, affirmative ou négative, de l'idée première,
le verset parallèle peut la renforcer quelquefois par l'adjonction d'une idée
accessoire, d'un mot qui la modifie, sans cependant altérer la
correspondance directe qui doit se trouver entre les deux, comme Job, III, 3-
9. Ps. CXLVIII, 7-43. Esaïe, I, 5-9; LVIII, 5-8, et en beaucoup d'autres
passages des Ecritures, principalement dans les prophètes.