Page 432 - LE MANUEL DE LA BIBLE

Version HTML de base

432
SECTION III. - La poésie hébraïque et les livres poétiques.
§ 18. La poésie hébraïque.
- Le livre de Job étant le plus ancien des livres
poétiques de la Bible, c'est ici qu'il convient de placer quelques observations
sur la nature de la poésie hébraïque.
Dans la division ordinairement reçue des saintes Ecritures, on désigne sous
le nom de livres poétiques les livres de Job, des Psaumes et des Proverbes;
quelques-uns y ajoutent l'Ecclésiaste et le Cantique de Salomon. Quant à
leur date, les uns sont antérieurs, les autres postérieurs à la plupart des
livres historiques; mais on les considère à part et comme formant un
ensemble, à cause du caractère qui leur est commun d'être écrits
entièrement ou presque entièrement 'en vers hébreux. Dans le canon juif, ils
sont compris sous le titre d'hagiographes ou saints écrits. - Les oracles des
prophètes sont aussi, pour la plupart, rédigés dans une forme poétique.
L'excellence particulière de la poésie hébraïque vient de ce qu'elle est
exclusivement consacrée au service de la plus noble des causes, celle de la
religion. Elle renferme les plus saintes et les plus précieuses vérités,
exprimées dans le langage le plus digne et le plus élevé.
Il y a tant d'incertitude sur l'ancienne prononciation de l'hébreu, qu'il n'est
pas facile de déterminer la nature de la versification de cette langue.
Cependant les écrits récents de Lowth, Jebb, et d'autres savants, ont
répandu sur ce sujet beaucoup de lumière. Le trait caractéristique de la
poésie hébraïque consiste avant tout dans l'élévation de la pensée et dans la
richesse du style, dans l'emploi de certains mots ou de certaines formes de
langage, dans la manière sentencieuse de l'expression, dan! l'agencement
particulier des périodes, dans la combinaison, le parallélisme ou l'opposition
des divers membres d'une même phrase. Voici quelques-unes des for~ mes
artificielles que semble plus particulièrement affecter la poésie des Hébreux.
Quelquefois c'est l'arrangement alphabétique d'un poème qui en fait
extérieurement le principal caractère, chaque ligne commençant
successivement par chacune des lettres de l'alphabet, ou toutes les deux
lignes seulement, ou bien toute une série de versets commençant par la
même lettre initiale, et les suivants par la suivante (voyez Ps. CXIX, et Lam.,
III). Les huit premiers versets du psaume CXIX, dans l'original, commencent
par un a (Aleph); les huit suivants par un b (Beth), et ainsi de suite jusqu'à
la fin, de sorte que ce psaume se compose d'autant de strophes de huit vers
qu'il a de lettres dans l'alphabet. On compte ainsi dans l'Ancien-Testament
douze
poèmes
alphabétiques
plus
ou
moins
grands.