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2°
Les doctrines devant être interprétées conformément à la nature même
de la Bible, aucune difficulté ne doit être résolue d'une manière qui attaque
ou détruise le grand fait de l'inspiration. Plusieurs ont essayé de mettre en
parallèle les miracles de Moïse avec ceux qui sont racontés par Tite-Live, les
écrits d'Ezéchiel avec ceux d'Eschyle, les doctrines de notre Seigneur avec
celles de Platon, et dans chaque cas on a cru pouvoir résoudre les difficultés
de la même manière. Si l'on dit, par exemple, que les miracles sont
incroyables, que les images sont forcées, que le raisonnement, moral est
erroné ou exagéré, on tourne sans doute les difficultés, on les élude, mais
d'après des principes qui mettent à néant l'autorité des Écritures. Si l'on nie
l'inspiration, il est évident que l'on est en droit de rechercher les preuves, et
de critiquer ou de contester les vérités morales et spirituelles de la Bible;
mais quand on l'admet, toute solution d'une difficulté doit laisser intact le
grand et glorieux caractère qui fait de la Bible la Parole de Dieu. Aussi
plusieurs des expressions employées dans quelques-unes des objections
sus-mentionnées (2e, 3e, 9e) doivent-elles être rejetées comme
incompatibles avec l'esprit humble et pieux d'un disciple de Jésus-Christ.
3°
L'Ecriture doit être regardée comme formant d'un bout à l'autre un grand
ensemble, un système, et les différents livres qui la composent, ses
nombreuses sentences, doivent être interprétés comme parties intégrantes
du tout. La lumière que la première page projette sur la dernière, ou la
dernière sur la première, peut servir à éclairer tout le livre; elle répandra du
jour sur les passages les plus obscurs, non point qu'ils aient tous le même
sens, mais parce qu'ils ont tous le même but et le même objet. - Cette règle
est, pour les faits et les vérités bibliques, la même que celle que nous avons
déjà reconnue pour l'interprétation de passages isolés, sous le nom
d'analogie de la foi, ou de parallélisme des passages. Notre Seigneur a dit,
par exemple: A celui qui n'a pas, le peu même qu'il a lui sera ôté.
Ces mots, séparés du contexte, du passage parallèle dans un autre évangile,
et du plan général de Dieu qu'ils sont destinés à mettre en relief, n'ont plus
aucune signification. Il en est de même des vérités bibliques. Le sacrifice
d'Abel et sa mort, considérés en eux-mêmes, n'ont pas plus d'importance
que les bonnes oeuvres et la fin violente ou prématurée de tout autre
homme de Dieu; mais si l'on voit dans cette mort les premiers résultats du
péché, et dans ce sacrifice le pressentiment de ce que doit être tout sacrifice
vraiment acceptable aux yeux de Dieu; si l'on y voit une preuve que la
conscience religieuse eut dès l'origine le sentiment de sa profonde
déchéance et de la nécessité d'une substitution pour le péché, aussitôt
l'ensemble du récit revêt un caractère nouveau de grandeur et d'importance.