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certainement nous y aurions perdu beaucoup, et nous n'aurions pas gagné
au change.
§ 153. Règles à suivre.
Au lieu de relever en détail les objections rappelées
à la fin du 151, nous poserons quelques principes et indiquerons quelques
règles dont l'observation est indispensable, non point pont, faire disparaître
toutes les difficultés, mais pour aider à les résoudre d'une manière
convenable.
1°
Il faut, quand on interprète l'Ecriture, ses prophéties, ses déclarations, se
rappeler toujours ce qu'elle est, un livre inspiré, destiné à développer la
doctrine du salut par Jésus-Christ et à soumettre les hommes à l'autorité de
Dieu. Dans tout ce qui, dans la Bible, est commun aux livres humains, elle
peut être interprétée d'après les lois et les règles ordinaires: il faut tenir
compte des mots, du contexte, du but de l'auteur, de l'époque, des usages
du pays, etc. Mais en tant que la Bible diffère des autres livres, étant
inspirée et écrite pour tous les temps, chacune de ses pages annonçant,
préfigurant et montrant le sacrifice de la croix, il faut donner à chacune de
ses phrases et de ses déclarations une signification pleine, large et
spirituelle. - Les prescriptions de la loi touchant les sacrifices, par exemple,
considérées en elles-mêmes, sont sanguinaires et cruelles; elles ne
contiennent aucune allusion directe à leur sens spirituel, elles ne parlent en
aucune manière de la mort de notre Seigneur. Leur signification réelle
cependant est incontestée; c'est bien à Jésus-Christ que se rapporte
l'institution tout entière. En même temps, elle proclamait à l'esprit de
plusieurs la grande doctrine de la substitution, et remplissait leurs coeurs
des mêmes sentiments qu'éveille aujourd'hui chez le chrétien la prédication
de la croix. - La promesse faite à Abraham ne renferme rien non plus qui
fixe directement la pensée sur la venue du Messie; une parole de ce genre,
quand on la trouverait chez Homère ou Virgile, ne pourrait évidemment pas
être interprétée dans un sens prophétique; mais pour le chrétien, il n'y a
aucun doute possible sur la portée des promesses de Dieu à Abraham.
Si les écrivains sacrés ne comprenaient pas toujours eux-mêmes la
grandeur des vérités qu'ils annonçaient au monde, le Saint-Esprit de Dieu
la voyait et la comprenait. Le travail de l'interprétation doit donc consister à
démêler la pensée de Dieu et le but de ses révélations. “N'expliquer les
Ecritures que comme on expliquerait le premier livre venu, sans égard à sa
pensée spirituelle, ce serait, a dit lord Bacon, déshonorer l'Ecriture et
outrager l'Eglise.” Voyez la 7e objection.