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convenablement remplis. On est coupable, soit qu'on les néglige, soit qu'on les
remplisse avec indifférence et dédain.
Cependant les lois positives diffèrent beaucoup de celles qui sont strictement
morales.
D'abord dans leur nature. La loi morale est par elle-même sainte et immuable;
la loi positive n'existe qu'à partir du moment où l'ordre a été donné. Teindre de
sang les poteaux des portes ou regarder au serpent d'airain, choses en elles-
mêmes indifférentes, ne devinrent obligatoires qu'après que Dieu les eut
ordonnées, et ne le devinrent que pour un temps.
Dans leur évidence. La loi morale est écrite, quoique souvent presque effacée,
dans le coeur; la loi positive ne se trouve que dans la Bible. Cette dernière
n'appartient donc qu'à la révélation, et les divergences des chrétiens en ce qui
la concerne sont plus faciles, et si l'on peut parler ainsi, moins inexcusables.
Dans leurs motifs. Les préceptes moraux ont leur source dans la nature de
Dieu et dans celle de l'homme, ainsi que dans les rapports qui les unissent Fun
à l'autre; les préceptes positifs n'ont d'autre motif que la seule volonté de Dieu.
Il est clair, par exemple, que la sagesse doit présider aux actes de la volonté;
l'amour de Dieu, l'amour du prochain, sont des préceptes qui dérivent
naturellement de tout ce que nous connaissons de Dieu et de l'homme. Mais
quant au baptême, à la sainte cène, au jour de repos, quoiqu'on en comprenne
le but spécial et l'intention sanctifiante, on peut se demander pourquoi ces
ordonnances plutôt que d'autres.
Dans l'étendue de leur obligation. Les préceptes moraux sont pour tous
indistinctement. On ne saurait comprendre un état ou une condition que
n'atteindrait pas cette domination morale de Dieu. Mais les préceptes positifs
sont restreints à des conditions particulières. La loi cérémonielle s'adressait
aux Juifs, non aux Gentils. Le culte dans les bosquets ou dans les bois était
permis aux patriarches (Gen., XXI, 33), il était défendu aux Israélites (Deut.,
XVI, 21). Sous l'Evangile il est indifférent (Jean, IV, 21). D'autres observances
étaient imposées aux prêtres qui ne liaient pas le peuple. Et de même dans
l'Eglise ceux-là seuls peuvent participer au repas du Seigneur, qui y sont
appelés ou autorisés par l'ordre de Dieu.
Dans la manière de les observer. Des préceptes moraux, basés sur des
principes, sont susceptibles d'une foule d'applications différentes. Des
préceptes positifs, réglant les actes eux-mêmes, sont uniformes dans leurs
applications, et doivent être observés minutieusement à la lettre, et dans tous
les détails de leur prescription.