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entourant de sainteté et d'honneur les relations de famille, il condamne
l'indifférence ou la fausse indépendance que l'on rencontre trop souvent dans
la société. Tirer des conclusions de ce genre, ce n'est évidemment pas forcer le
sens des Ecritures, s'il est vrai, comme on vient de le voir, que les Ecritures
sont un livre de principes, s'adressant aux dispositions intérieures et réglant
l'ensemble de la vie d'une manière directe pour n'arriver que dune manière
indirecte aux détails.
.
§ 133. Préceptes moraux et préceptes positifs.
- Il est nécessaire, tout en
maintenant que les préceptes de l'Ecriture ont une portée générale, intérieure,
extensive, de faire remarquer qu'ils se divisent eux-mêmes en deux classes bien
distinctes. Les uns sont appelés moraux, les autres positifs. Cette distinction
est fondée sur l'Ecriture elle-même. L'évêque Taylor appelle moraux les
préceptes qui reposent sur des lois naturelles, et positifs ceux qui ne reposent
que sur des motifs accidentels, économiques ou politiques. Les premiers sont
éternels; les seconds, temporaires seulement. L'évêque Butler et le docteur
Doddridge ont adopté une autre définition; ils appellent moraux ceux dont
nous pouvons reconnaître et apprécier les raisons, et positifs ceux dont les
motifs nous échappent. Peut-être en combinant ces deux définitions en
trouverons-nous une plus exacte et plus complète. Les préceptes positifs se
rapportent seulement à des actes extérieurs, et tels que le coeur le plus soumis
n'en aurait pas toujours et naturellement l'idée; les préceptes moraux, au
contraire, se rapportent à la sainteté intérieure, ou à des actes qui sont
l'expression naturelle d'une volonté sainte. Tous sont, dans de certaines
limites, obligatoires; et la négligence des uns ou des autres entraîne des
conséquences, différentes peut-être, mais toujours fâcheuses. Violer la loi
morale, c'est désobéir à nous-mêmes et a Dieu. Violer des lois positives, c'est
pécher là où la tentation est en général le plus faible, et où la désobéissance
implique la négation directe de l'autorité de Dieu.
Quelques préceptes sont mixtes de leur nature, c’est-à-dire en partie morale et
en partie positive. Telle est la loi relative au jour de repos. Que des créatures,
telles que l'homme, soient appelées à se réunir pour rendre à Dieu un culte en
commun, c'est un devoir moral; mais que ce culte doive avoir lieu le premier ou
le dernier jour de la semaine, c'est à la loi positive d'en décider.
Il ne faut pas d'ailleurs se méprendre sur la portée et la valeur de cette
distinction. Les devoirs moraux sont positifs en ce sens qu'ils sont
expressément commandés; et les devoirs positifs sont moraux en ce sens qu'ils
exigent des sentiments sérieux, une volonté morale et sainte, pour être