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déclarations de notre Seigneur; car lorsqu'il insiste sur la nécessité des
dispositions intérieures, il ne parle jamais de la loi comme étant fautive à cet
égard, mais il se borne à la dégager des gloses des pharisiens, et à en
recommander l'interprétation spirituelle (voyez aussi Marc, XII, 32-34).
Alors même que les préceptes de l'Evangile semblent revêtir une forme toute
particulière et spéciale, ils conservent habituellement leur caractère général
sous cette forme, et l'on ne saurait s'y méprendre. Le commandement du
Seigneur: “Si quelqu'un veut plaider contre toi et t'ôter ta robe, laisse-lui encore
le manteau,» en est un exemple (Matth., V, 40). Il est évident que ce fait de
détail se produira rarement, et qu'alors même qu'il se produirait, ce serait un
bien mince détail dans la vie d'un chrétien; mais se revêtir des dispositions
qu'implique ce précepte, c'est certainement employer un des moyens les plus
propres à développer la sainteté.
On a vu aussi qu'un des traits caractéristiques des préceptes de l'Evangile,
c'est qu'ils sont exprimés en termes généraux, et que leur application, aussi
bien que les distinctions dont ils sont susceptibles, sont laissées à la
conscience éclairée du chrétien. Il est vrai que ces préceptes sont si clairs
qu'une âme consciencieuse et docile court bien peu de risque de se tromper;
mais il n'en est pas moins constant aussi que nous avons chaque fois un
travail d'analyse à faire, et que sur beaucoup d'actes de la vie chrétienne nous
devons interpréter le devoir d'après les lumières de l'Esprit. Il y a assez de
clartés pour satisfaire celui qui cherche; mais quelquefois il y a telle possibilité
«erreur qui peut servir d'épreuve à la foi et mettre au jour ce qu'il y a de plus
secret dans nos coeurs, montrer si nous voulons bien sincèrement, oui ou non,
garder les commandements de Dieu.
A cet égard on peut appliquer à la loi morale, soit de l'Ancien, soit du Nouveau-
Testament, les deux observations suivantes:
1°
Toute chose qui est prohibée comme mauvaise dans sa plus extrême
manifestation, l'est également à un degré moindre. Le meurtre et les mauvaises
passions de toute nature, l'adultère et tous les péchés des sens, la fraude, le
vol, le faux témoignage en justice ou en particulier, la convoitise, les mauvais
désirs, sont condamnés au même titre;
2°
Quand un péché est défendu, le devoir contraire est commandé; ou l'inverse,
quand une chose est ordonnée, la chose contraire est défendue. Dieu a proscrit
dans le culte l'emploi d'images représentant les êtres invisibles; il a par cela
même recommandé le culte spirituel. En excluant tout autre objet de culte et
d'adoration, Dieu fait connaître qu'il veut être seul adoré, aimé, obéi. En