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quelque point de vue que l'on considère cette doctrine, il est évident que
personne n'admet qu'elle suppose en Dieu ni caprice, ni arbitraire; on n'admet
pas davantage que son libre choix soit motivé par les mérites personnels des
élus, ou par le besoin de les rendre, eux, personnellement heureux. C'est plutôt
un trait du caractère de la divinité qui est mis en relief: Dieu est représenté
comme poursuivant son dessein arrêté, manifestant sa gloire et travaillant au
bien général. Aussi cette doctrine n'est-elle amenée dans l'Ecriture que lorsqu'il
s'agit, par exemple, de faire remonter à Dieu seul l'oeuvre du salut, en excluant
chez l'homme toute espérance de se sauver par ses mérites ou par ses oeuvres
(Rom., XI, 5, 6); - d'expliquer, sans l'excuser, l'incrédulité des Juifs (Rom., IX); -
d'établir le triomphe assuré du règne de Dieu en dépit de tous ses adversaires
(Matth., XXI, 42. Jean, VI, 37). A tout autre point de vue, et dégagé de ce
contexte, cette doctrine pourrait se présenter avec toutes les apparences de
l'arbitraire; elle pourrait, comme chez le peuple juif, entretenir l'orgueil
spirituel; elle pourrait enfin détruire chez l'homme le sentiment de sa
responsabilité morale, et chez le chrétien même affaiblir le sentiment du devoir
et de l'obéissance. Mais considérée du point de vue pratique en rapport avec les
vérités qui l'entourent et la font ressortir dans l'Ecriture, appliquée aux objets
que les écrivains sacrés avaient en vue, cette doctrine ne peut avoir qu'une
heureuse influence; elle humilie, elle encourage, elle sanctifie.
De même quand la Bible enseigne, comme doctrine, l'influence de Satan, elle
ne le fait que pour nous donner une idée plus claire de la valeur de l'oeuvre de
Christ, et pour nous exciter à la vigilance et à la prière (2 Cor., IV, 4. Ephés., II,
2; VI, 11-18. Jean, XIII, 27. Luc, VIII, 30. Apoc., XII, 9. 1 Jean, III, 8, etc.).
Le mystérieux rapport qui existe entre le premier péché et le fait que tous les
hommes sont placés sous la condamnation est clairement affirmé dans la
première aux Corinthiens et Rom., V, mais uniquement pour magnifier la grâce
de Dieu dans notre rédemption par Jésus-Christ.
La doctrine de la trinité est une révélation de Dieu dans ses rapports avec
l'homme; et bien qu'elle soit quelquefois introduite comme un article de foi
sobrement et simplement du reste (par exemple dans la formule du baptême),
elle est généralement rattachée à des bénédictions spirituelles, spécialement à
l'oeuvre de la rédemption (2 Cor., XIII, 13).
La vraie doctrine biblique de la trinité
est vraiment une doctrine de la triple révélation de Jésus comme étant le Dieu
unique et éternel, la seule Personne en Dieu. La fausse doctrine de la trinité
ecclésiastique est une doctrine de spéculations philosophiques de trois personnes
en Dieu dans laquelle un faux Jésus est la deuxième personne d'un principe
mystique et babylonien.