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on trouve la vérité sans la sainteté, c'est que la perversité humaine a réussi à
séparer
l'une
de
l'autre,
le
principe
de
ses
résultats.
On s'est fait souvent de la théologie systématique des idées singulièrement
fausses. Les uns ont affirmé qu'on ne pouvait pas avoir sans elle une
connaissance intelligente de l'Ecriture; les autres, au contraire, l'ont rejetée
comme inutile, comme étant un reste de ces habitudes scolastiques, dont il est
de l'intérêt de l'Eglise de se débarrasser. Ces deux points de vue sont
également faux. Les passages de l'Ecriture qui renferment des abrégés clairs et
sommaires des vérités évangéliques sont si nombreux, voyez, par exemple, Tite,
II, 11-14. Ephés., II, 4-10), qu'un homme pieux se fera souvent à lui-même, et
sans s'en rendre compte, un système dogmatique vrai et intelligent. D'un autre
côté, si nous rejetons toute espèce de système, nous nous obligeons à
n'employer jamais en fait de doctrine que les textes de l'Ecriture, et nous nous
exposons par là même au danger de défigurer certaines vérités, soit en les
exagérant, soit en en laissant d'autres dans l'ombre; surtout nous risquons
d'oublier et de méconnaître cette juste proportion qui provient de l'équilibre de
doctrines qui se complètent l'une par l'autre, et de tomber ainsi dans des
erreurs d'autant plus dangereuses qu'elles reposeront sur un fond partiel de
vérité. “Les principes généraux déduits de faits particuliers, dit Locke, sont
comme les joyaux de la science; ils renferment une très-grande valeur sous un
fort petit volume; mais il ne faut les accepter et en user qu'avec de grandes
précautions, de peur qu'en prenant les faux pour vrais, nous ne soyons
exposés à une perte d'autant plus grande lorsqu'ils seront soumis à un examen
plus attentif et plus sévère.”
L'étude systématique de la Bible peut être faite à un double point de vue. On
peut se proposer, ou bien de déterminer les doctrines de l'Ecriture, ou d'en
reconnaître les règles de conduite et de sainteté. Dans le premier cas on obtient
un système dogmatique ou théologique; dans le second, un système de
théologie morale ou pratique; mais l'un et l'autre sont aussi intimement unis,
confondus et comme entrelacés dans l'Ecriture qu'ils le sont dans l'expérience
de la vie ordinaire de chacun.
Lorsqu'on veut arriver à déterminer une vérité scripturaire, on commence par
rassembler tous les textes, quels qu'ils soient, qui se rapportent à un même
sujet, doctrines, préceptes, promesses, exemples; on les compare
impartialement les uns avec les autres; on restreint, limite, explique les
expressions d'un passage par celles d'un autre; on contrôle les détails les uns
par les autres, et lorsqu'on a obtenu un résultat qui répond à l'ensemble des
textes et les renferme tous, sans faire violence à aucun, sans rien ajouter, sans