Page 340 - LE MANUEL DE LA BIBLE

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d'assigner à chaque vérité et à chaque devoir la place qui lui appartient pour
l'ordre et pour l'importance, chaque vérité et chaque devoir faisant ressortir
l'ensemble, et en retirant à son tour une plus grande lumière et une plus
grande force.
La nécessité d'un travail de ce genre n'est pas particulière à la Bible seule. La
nature et la Providence nous présentent pareillement des faits nombreux, des
phénomènes divers, qui sont répandus partout avec la plus grande profusion.
C'est le devoir de la science de les recueillir, et de démêler la pensée d'ordre et
d'unité qui relie entre eux des objets si divers et si disparates. Les lois
générales qui régissent l'univers, les règles de conduite par lesquelles les
hommes se gouvernent eux-mêmes sont également des faits qui doivent être
réduits en systèmes par l'étude et l'observation. Dans tous les cas, on doit avoir
recours à un même principe comme point de départ, l'induction philosophique.
Les textes de l'Ecriture forment la base de la théologie, comme les faits de la
nature la base des sciences naturelles, et les faits de la conscience la base de la
philosophie morale. Néanmoins l'Ecriture nous fournit encore cet avantage
que, tandis que dans la nature nous n'avons que des faits isolés dont nous
devons déduire les lois générales, dans la Bible nous trouvons les lois générales
de la vérité et du devoir, aussi bien que les faits de détail qui nous montrent
l'application de ces lois aux circonstances de la vie ordinaire.
L'étude systématique de l'Ecriture diffère matériellement de son interprétation
proprement dite, ou exégèse. Cette dernière ne porte que sur le sens de
passages considérés isolément, tandis que la théologie systématique les
considère dans leur ensemble, dans leurs rapports les uns avec les autres et
dans leurs rapports avec nous.
Il y a entre les doctrines et les préceptes du christianisme une relation intime,
une connexion essentielle. Non-seulement la doctrine renferme implicitement
un commandement, mais encore elle présente la vérité sous une forme qui est
de nature à exciter de saintes affections, et ces affections sont le principe
immédiat d'une vie sainte. La foi aux doctrines de l'Evangile et l'obéissance
sont par conséquent inséparables. “La moralité, c'est la religion en pratique; et
la religion, c'est la morale en principe.” Celui qui aime Dieu garde ses
commandements, et celui qui garde ses commandements aime Dieu. L'homme
peut essayer de séparer ce que Dieu a joint; il peut exposer la vérité de manière
à détruire la moralité; il peut essayer d' “anéantir la loi par la foi;” il peut
retenir “la vérité dans l'injustice.” Mais Dieu a voulu que la vérité portât
toujours des fruits de sainteté, comme inhérents à sa nature, essentiels à la
vérité. Aussi ne trouve-t-on jamais la sainteté sans la vérité; et si quelquefois