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ce que les Ecritures ne sont pas assez connues.” (Cf. § 46.)
L'histoire, en nous faisant connaître la date exacte des pratiques diverses qui
s'introduisirent à la longue dans l'Eglise, nous met en garde contre elles, et
nous engage à en examiner sérieusement la légitimité. C'est ainsi que nous
voyons apparaître pour la première fois en 606 le titre d'évêque universel
réclamé par l'évêque de Rome. L'autorité canonique des apocryphes, de la
Vulgate et des traditions, ne date que du concile de Trente, au seizième siècle.
L'usage de la langue latine au lieu de la langue vulgaire pour le culte, date de
666. La transsubstantiation ne fut enseignée qu'au huitième siècle. Au onzième
le repas du Seigneur fut mutilé par la suppression de la coupe. Les sept
sacrements sont du douzième siècle. Les mérites de la pénitence, le purgatoire,
les prières pour les morts, apparaissent vers le septième siècle, mais ne furent
affirmés d'une manière positive qu'en 1140. Les papes ne réclamèrent pas
avant le douzième siècle le droit et le pouvoir d'accorder des indulgences. La
confession auriculaire ne fut rendue obligatoire qu'au concile de Latran, c'est-
à-dire au treizième siècle. Le célibat forcé des prêtres fut proposé et discuté
vers la fin du quatrième siècle (décret de Siricius, 388), et ne triompha
définitivement que sous Grégoire VII à la fin du onzième (cf. Col., II, 23. 2
Thes., II, 7-12).
L'origine relativement récente de toutes ces erreurs n'est sans doute pas une
autorité décisive contre elles, mais elle prouve le sens que jusqu'alors on avait
donné aux Ecritures. Elle prouve que la papauté est une nouveauté, et que ses
dogmes n'étaient pas enseignés par ceux qui vivaient dans des temps plus
rapprochés de l'époque apostolique, et qui étaient mieux placés pour
comprendre la vraie signification des passages contestés ou douteux.
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§100. La chronologie.
- Il est toujours utile, souvent intéressant, quelquefois
nécessaire, pour comprendre certaines portions des Ecritures, de connaître
l'ordre des événements, et de se rappeler les intervalles de temps qui les
séparent; sous ce rapport l'étude de la chronologie acquiert une valeur et un
intérêt tout particulier.