Page 235 - LE MANUEL DE LA BIBLE

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employés à la divination, et d'autres portions servaient à des charmes et à des
enchantements. Moïse avait défendu aux Hébreux de semblables pratiques, et
si la destruction totale de la victime par le feu renfermait d'autres
enseignements solennels, nul doute qu'elle n'eût aussi pour objet d'établir
entre Israël et les païens une ligne de démarcation infranchissable (cf. Lév., XI,
11; XIX, 28. Ps. XVI, 4. Jér., XLIV, 17-19).
Quand on se rappelle le dualisme des anciens Perses, Ormuzd et Ahriman, le
principe du bien et celui du mal, deux divinités égales en pouvoir, on trouve
une grandeur nouvelle à ces paroles que le Tout-Puissant adresse à Cyrus:
“C'est moi qui forme la lumière et qui crée les ténèbres, la paix et l'adversité
(Esaïe, XLV, 7).”
La philosophie orientale, dont plusieurs adeptes devenus chrétiens essayèrent
de concilier les doctrines avec la doctrine de l'Evangile, est souvent utile à
connaître pour l'intelligence du Nouveau-Testament. Les gnostiques, par
exemple, considéraient la parole, la vie, la lumière, etc., comme autant
d'émanations de la divinité, et l'on suppose que saint Jean, au commencement
de son Evangile (I, 1-18) n'a eu d'autre objet en vue que de revendiquer pour
notre Seigneur seul tous ces titres, en montrant qu'il en était seul la vraie
réalisation. - Partant des mêmes principes, les uns en déduisaient une morale
de plus en plus relâchée, les autres, au contraire, des pratiques et des
austérités de plus en plus sévères. La première épître de Jean semble avoir en
vue ces erreurs dogmatiques et morales; plusieurs passages des épîtres de Paul
paraissent également destinés à les combattre. Les “actions des Nicolaïtes
(Apoc., II, 6)” appartenaient. probablement à la même tendance philosophique.
En Europe c'était la philosophie grecque qui prédominait, et le caractère grec
se révélait par les distinctions les plus subtiles. Deux sectes grecques sont
seules mentionnées dans l'Ecriture, les épicuriens et les stoïciens. Les premiers
estimaient que Dieu ne se mêle en rien des affaires de ce monde, et qu'il repose
en paix dans quelque ciel éloigné; les autres voyaient en lui l'âme du monde,
active et toujours présente. Les deux sectes étaient d'accord à placer les Grecs
bien au-dessus de toutes les autres nations. L'apôtre Paul les condamne l'une