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vient la Sohar du rabbin Siméon ben Joshai, qui vivait au deuxième siècle; ce
livre, qui jouit de la plus haute vénération chez les Juifs, a servi de base à la
Kabbale (voir deuxième partie, Introduction aux Evangiles). Il a pour objet la
venue du Messie et les prophéties relatives à son règne. Il met en évidence le
sens des Ecritures et l'incrédulité des Juifs, en établissant que, sauf deux ou
trois notables exceptions, les passages prophétiques de l'Ancien-Testament que
les apôtres ont rapportés à Jésus-Christ étaient généralement compris de la
même manière par tous les Juifs, en particulier les Psaumes et tous les
passages d'Esaïe cités dans le Nouveau-Testament. Et malgré cela, les Juifs ont
rejeté le Messie qui avait été l'accomplissement vivant de tous ces oracles.
Ajoutons que l'utilité qu'on peut tirer de la connaissance des idées en
circulation parmi les Juifs n'est que relative; cette connaissance peut mettre
sur la voie et suggérer un sens nouveau, mais elle ne peut l'imposer, ni même
suffire à elle seule dans la plupart des cas. C'est ainsi que l'idée de la
régénération d'un prosélyte s'arrêtait, chez le Juif, au fait de la circoncision ou
du baptême. Si l'on peut s'expliquer par là l'usage que Jésus-Christ fait de ce
mot, et même en partie le mot lui-même, il est clair cependant que son sens
véritable et complet ne peut ressortir que de l'ensemble des déclarations de
l'Ecriture sur ce sujet.
Ce qu'on vient de dire des Juifs n'est pas moins vrai des peuples dont les
Israélites étaient entourés. Il est souvent utile de connaître les opinions
religieuses qui avaient cours parmi eux.
Il est intéressant de savoir, par exemple, que chez les Egyptiens l'agneau et le
chevreau étaient en grande vénération, et que le mâle, symbole et image
d'Ammon, était adoré, On comprend également mieux les dix plaies, quand on
sait qu'elles frappèrent toutes des objets du culte idolâtre de l'Egypte, et les
changèrent en objets de dégoût pour leurs adorateurs eux-mêmes, en même
temps qu'elles mirent en évidence la puissance du vrai Dieu.
Les Phéniciens avaient l'habitude dans leurs fêtes solennelles de manger crues
certaines viandes de leurs sacrifices; ils en faisaient sécher une partie au soleil,
et en cuisaient d'autres pour servir à des usages magiques; les intestins étaient