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que celle des détails, et telle expression qui paraissait pleine d'obscurité reçoit
de l'ensemble des révélations bibliques une clarté de sens tout-à-fait
inattendue et riche d'édification. - Ainsi, lorsque notre Seigneur prononce ces
paroles: Si tu veux entrer dans la vie garde les commandements, il semble
annoncer le salut par les oeuvres; mais quand on se rappelle à qui ces paroles
sont adressées, on comprend que Jésus-Christ n'a pas voulu faire autre chose
qu'humilier un jeune homme orgueilleux de sa propre justice, en le ployant
sous le joug de la loi.
Dans les trente-neuf premiers chapitres d'Esaïe, le sujet de chaque oracle est
ordinairement indiqué. Mais il ne l'est pas dans les vingt-sept chapitres qui
suivent, et ce n'est qu'à force d'étude qu'on parvient à le déterminer. On voit
alors que les chap. LI à LV forment un seul tout, un ensemble prophétique des
consolations données à Israël; on y reconnaît aussi les divisions suivantes: un
triple et solennel appel adressé au peuple pour l'engager à écouter (LI, 1-8), un
appel à Dieu en faveur de Sion (LI, 9-LII, 12), la glorieuse description des
souffrances du Messie et de son couvre rédemptrice (LII, 13-LIII); ce morceau
est le centre de l'oracle, les résultats de l'oeuvre du Messie sur les destinées de
l'Eglise (LIV), et enfin ses résultats pour les destinées du monde (LV).
Il faut savoir distinguer aussi, et ce n'est pas toujours très-facile, quand il faut
tenir compte du sens général du livre, plutôt que du contexte particulier de la
phrase.
Le chap. XV de Luc, par exemple, renferme plusieurs paraboles adressées aux
pharisiens, qui s'étonnaient de ce que notre Seigneur recevait avec joie les
pécheurs qui venaient à lui. Au nombre de ces paraboles se trouve celle de
l'enfant prodigue. Or, le but évident de saint Luc dans tout son évangile est de
recommander le christianisme aux païens, et de faire comprendre que la
nouvelle alliance est pour tous, sans distinction de race, sans privilège de
naissance. La question est donc de savoir si dans la parabole de l'enfant
prodigue le fils aîné représente les pharisiens et le second les pécheurs, point
de vue adopté par quelques théologiens et recommandé par le contexte; ou si
l'on doit voir dans l'un et dans l'autre l'image du peuple juif et celle des nations