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SECTION III. - Des règles d'interprétation.
§ 85. Première règle.
Il faut, autant que possible, prendre les mots dans leur
sens ordinaire et usuel. Les écrivains sacrés parlaient et écrivaient pour être
compris; il est évident qu'ils ont dû se servir de mots connus, et les employer
dans le sens qu'on leur donnait habituellement. Déterminer ce sens usuel des
mots et des phrases est donc la première chose à faire, une première règle très-
simple à observer. Cette règle s'applique au langage figuré,, comme au langage
littéral.
Que les écrivains inspirés nous disent en langue vulgaire “Il n'y en a aucun qui
fasse le bien,” ou en style figuré: “toute chair a corrompu sa voie sur la terre,”
ils expriment une seule et même vérité sous deux formes différentes (Rom., III,
12. Gen., VI, 12). Ils disent que la repentance est nécessaire au pardon (Esaïe,
LV, 7); ils ajoutent que l'une et l'autre, la repentance et le pardon, sont des
dons de Dieu (Actes, V, 31). Le langage du prophète et celui de l'apôtre sont
également simples. En général, et pour l'exposé de toutes les grandes doctrines
de l'Evangile, le langage de la Bible est remarquablement simple, clair et précis.
L'existence et les perfections de Dieu, l'unité du Père, du Fils et du Saint-
Esprit, la chute de l'homme; la corruption de la nature humaine, notre
responsabilité morale; la rédemption par le sacrifice expiatoire de Jésus-Christ,
le renouvellement du coeur par l'influence du Saint-Esprit, la libre et
souveraine grâce de Dieu, la sanctification progressive des chrétiens, leur
bonheur éternel, tout est nettement exposé dans de nombreux passages, dont
les termes ne peuvent signifier que cela, ou bien ils ne signifient plus rien.
Malgré la simplicité de cette règle, elle a été souvent violée dans l'interprétation
des Ecritures. L'esprit humain a voulu découvrir des sens nouveaux, profonds,
mystérieux. Origène, frappé de ce que le nom de Kéturah, l'épouse de la
vieillesse d'Abraham, signifie “bonne odeur,” et remarquant que ces mots sont
employés quelquefois en parlant de ceux qui édifient leurs frères par leur vie
exemplaire, conclut que, dans sa vieillesse, Abraham devint extraordinairement
saint. Coccéius, beaucoup plus moderne, pense que les brebis et les boeufs de