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païens, d'autres exclusivement pour des Juifs; un Evangile pour les chrétiens
d'entre les Hébreux, un autre pour les chrétiens d'entre les Gentils; les épîtres
aux Corinthiens pour des gens qui ne veulent souffrir aucun joug ni aucune
autorité, l'épître aux Galates pour ceux qui voulaient replacer les prosélytes
chrétiens sous le joug de la loi mosaïque, l'épître aux Romains en partie pour
des gens pleins d'une propre justice pharisaïque, celle de Jacques pour des
professants extérieurs qui se croyaient dispensés. de la pratique des oeuvres.
Il est évident qu'un lecteur attentif devra tenir compte de ces diverses
circonstances, et qu'un travail préliminaire sera toujours indispensable à la
saine intelligence d'un livre ou d'un fragment quelconque de la Parole de Dieu.
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§ 79. Le langage des hommes appliqué aux choses de Dieu.
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Indépendamment des diverses circonstances qui précèdent, il se rencontre une
nouvelle difficulté non moins grande dans le fait que la Bible ne contient que
des vérités spirituelles et religieuses, et qu'elle n'a pour les exprimer et les
rendre intelligibles que des expressions humaines et terrestres.
Déjà le langage vulgaire des hommes, dès qu'il s'élève à des sujets spirituels,
est obligé d'emprunter aux choses extérieures des expressions, des
comparaisons ou des analogies; cela est vrai dès qu'il s'agit de la pensée ou de
ses actes; cela était vrai surtout aux premiers âges du monde, et lorsque les
langues étaient encore peu formées et lieu développées. Le langage est toujours
plein de figures quand il est encore jeune, qu'il s'agisse des peuples ou des
individus. L'esprit, dans son étymologie, n'est autre chose que le souffle.
L'intelligence voit, aperçoit, découvre la vérité, son travail consistant à faire
dans le domaine de la pensée la même opération que l'oeil dans le domaine de
la nature. Réfléchir, signifie proprement ployer en arrière, disposer autour de
soi ses pensées comme pour les examiner mieux. L'attention, la tension vers, la
direction, est un travail de l'esprit pareil à celui de l'oeil qui se dirige
incessamment, qui est tendu vers un même objet. C'est un fait, ou, si l'on veut,
une faiblesse de l'esprit humain qu'il ne puisse saisir les notions abstraites
qu'autant qu'elles sont revêtues de formes empruntées aux objets visibles et